River - éloge d'une ruine L2vo
An 2588. Nous sommes à Rikers Space Jail Processing, un centre d'incarcération spatial. Détenus, surveillants, médecins, employés ou même pilotes chargés des vaisseaux de sauvetage, vous séjournez dans la station la plus éloignée du monde terrestre et des colonies qui gravitent autour de la Terre. Mais sauriez-vous percer le secret qui plane sur la Sedna Corporation, l'entreprise à l'origine de Rikers ?
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River - éloge d'une ruine

River
Messages : 29
Matricule : V8 - 1238
Métier/Activité : Employé à la bibliothèque en mi-temps
Mer 8 Juin - 22:08
River
Nemesis
River
« le prince charmant comme il respire. »
Carte d'identité
Prénom & Nom: Irvin Valentine

Matricule: V8 - 1238

Âge: Trente-huit ans

Taille: 1m88

Poids: 90kg

Couleur des yeux: Asymétriques, une mydriase perce son regard.

Lieu de naissance: Le bon côté de la Terre diront ses papiers.

Origines: Son flegme britannique est gravé visiblement dans son ADN, mais allez savoir combien de fois il a été dilué.

Situation familiale: Elle se porte bien mieux depuis.

Motif(s) d'incarcération: Parricide.

Années de détention: Douze ans dont dix fermes - oui, ce fut un scandale à l'annonce du verdict.

Années effectuées: Sept ans

Groupe: Chef des Nemesis

Fonction/métier: Employé à la bibliothèque en mi-temps

Note: Pour l'histoire je mets un TW là. Même si j'ai essayé de laisser l'interprétation et les non-dits, ça aborde pas mal de sujets graves.


Signes de reconnaissance

feat. David Bowie

Visage: Anguleux aux pommettes saillantes, atypique. Dur diront certains, et son regard froid ne semble pas souhaiter les contredire, ne retrouvant sa chaleur que pour de brefs éclats de comédie.

Cheveux: lol roux

Musculature: Soignée pour les apparences. Séchées par les excès.

Allure générale: Un détachement, une arrogante nonchalance anime ses traits. Il brille, il inquiète. Il captive.

Détails sur la tenue: D'après les rumeurs, il aurait secrètement fait réajuster sa combinaison de quelques points de couture pour que la coupe lui tombe plus juste.

Signes distinctifs: Effectivement, on le distingue bien de loin, et il y tient.

Autres:

honteuse repompe de mon ancienne fiche:


Dossier mental
Qualités: ptdr

Défauts: oula

Orientation sexuelle: Consomme, consume ; qu'importe l'identité ou le sexe quand on se sert.

Comment gère-t-il l’hostilité ? D'un haussement de sourcil.

Que pense-t-il de l'écart de privilèges entre les colonies et les Terriens? A quoi bon vouloir chercher à sauver le monde, quand on sait qu'on ne perd pas la meilleure des moitiés.

Quel est son plus grand rêve? Il n'y a pas de rêve qu'il n'a pas pu s'acheter, ou se procurer d'une autre manière, le creux de son âme cherchant désespérément de nouveaux rêves pour l'emplir. Mais sa plus grande obsession ? Si il est ici, c'est bien qu'il a pu la réaliser.

Quel est son pire cauchemar? Les mêmes en boucle depuis des années. Il dira avoir déjà vécu l'enfer, et c'est peut-être vrai. Mais il a encore tellement de choses à perdre dont il n'a encore pas idée.

Quel est son but en prison? Aujourd'hui il veille sur ses hommes et sa place, l'ordre dans la prison et les affaires, sans renoncer à discrètement trouver un moyen d'écouter son charmant séjour en ces lieux.

Description générale:

Spoiler:


Historique
Ses traits sont exténués.
À chaque inspiration, elle semble à un souffle de vaciller dans la syncope.

Il n'y a que le rythme lent de son désespoir qui entrecoupe le silence pesant de la chambre à chaque soupir. Lui, n'a plus besoin de lui parler, il l'a déjà bien assez fait ces derniers mois. Il se contente de fixer le mur les bras croisés. Il lui a expliqué comment ça allait se passer, et elle n'allait de toute façon pas avoir le choix. Ses mains se sont posées bien plus souvent sur ses épaules pour les presser douloureusement que sur son ventre qui s'arrondissait.

Un par un, il l'aura poussée à quitter son maigre entourage.
À quitter cette colonie pour celle qu'il aura choisit.
Et elle est jeune, trop jeune, et bien trop vulnérable.

Elle sait qui il est.
Et elle n'a plus de choix maintenant qu'elle porte son bébé.

Il ne la regarde pas.

Il ne l'a jamais vraiment regardée, comme il aurait dû aussi vite l'oublier.
Il l'oubliera dans un peu plus longtemps, celle-là.
Mais quand il posait les yeux sur elle c'était seulement toi qu'il voit.

Maintenant que tu es ailleurs, il ne la regarde plus.

Quand des pas se font entendre au loin, les siens le redressent pour le hâter hors de la pièce. Il a assez attendu. L'infirmière revient avec le nouveau-né dans la couveuse, et ne voit qu'un père soucieux de retrouver son fils, qui te prend dans ses bras aussitôt.

Et on ne le vit plus jamais dans cet hôpital.

Une demi-heure plus tard, on ne voit que les autorités débarquer, après le signalement d'une femme arrivée illégalement dans la colonie.

*  *
*

« Tu es mon bébé, tu le sais ça ? T'es à moi, rien qu'à moi. T'es ma petite chose Irvin, t'es mon humain. T'es mon bébé. »

Emmett Valentine.
Il est ton père, ton présent, ton avenir.
Ta vie est un agenda, son agenda est recalqué sur ta vie.

Oh, bien sûr, il est né sur Terre. Il pourra vous le jurer.
Et il faudra que toi aussi tu le sois.

S'il baigne dans la folie et les mensonges, il t'y a noyé comme tout premier baptême.


*  *
*

T'as déjà appris à parler.
Pourtant, pas un seul son a franchit tes lèvres lorsque la domestique t'a souhaité une bonne nuit.
Tu t'es contenté d'hocher la tête.

C'est devenu une habitude maintenant, de les voir arriver, repartir, remplacées aussitôt. T'as toujours connu ça. De nombreuses mains qui t'ont porté et nourri, sans aucune pour te voir grandir. Elles te quittent avant de pouvoir créer le moindre lien.

T'as connu que ça, et le dos de ton père.
Penché sur son bureau. Sortant de la maison.
Ou sortir de la pièce tout simplement, lorsqu'il te trouvait trop bruyant.

De toute façon ta mère ne voulait pas de toi.
C'était ce qu'il t'a dit, qu'elle voulait que tu restes avec lui.

Alors il attend le soir pour venir te voir, allongé dans ton lit avant de dormir. Le baiser rituel, les murmures d'un amour filiale et faux. Des promesses possessives d'avenir radieux, et toujours, un nouveau cadeau.

Tu ne voulais rien, tu avais déjà tout eu avant ça.
Et déjà tu savais que bientôt, le reste et le monde seront à toi.

*  *
*

T'aimes bien le bruit des applaudissements à ton encontre.

Ça arrive régulièrement, depuis que t'as commencé le théâtre. C'est très tôt que tu as commencé à prendre tes premiers cours, sous l'influence plus ou moins consciente de ton père. Il a été le premier à te souffler cette idée d'avenir qu'il a entretenu depuis. Et toi, t'étais un de ces gamins à qui on promet de réaliser tous ses rêves d'enfant.

Tu seras un grand acteur, Irvin.
Tu seras connu, adulé partout, et les gens voudront te connaître et être à ta place.

Ta place si unique.

Si grande. Comme ce nom que tu portes, et qui est déjà connu avant toi, fondation d'un empire familial dont tu es le futur héritier. Chaque mois imprimé et visionné des millions de fois, le nom des Valentine orne les couvertures d'un journal qui a eu près de cent soixante-dix ans pour se développer. Il a été un des rares à avoir réussi à s'implanter dans la majorité des grandes villes pour relier les informations entre elles, passant parfois par rachats ou arrangements à l'honnêteté discutable.

Il est lourd à porter, cet héritage.
Et t'es déjà engagé ans ce chemin tout tracé.
offert.

Alors du haut de tes huit ans, tu foulais déjà la scène comme si elle t'appartenait.

Tu savais à quel point papa est important.
Tu savais alors que toi aussi, tu l'es.

Tu voyais les courbettes à son encontre et l'attention particulière que les professeurs te donnaient.
Gratifiant.
Grisant.

Trop.

Beaucoup trop.
Bien plus que ce qu'un esprit aussi juvénile ne puisse appréhender.

Deux ans après avoir commencé la comédie, tu n'as même plus le trac. Pas même lorsque c'est à un casting officiel, face à un homme que les adultes appellent 'producteur' qu'il faut que tu commences à jouer.

Tu l'avais déjà rencontré.
Il était déjà venu plusieurs fois à la maison, papa te l'a présenté, et pour lui tu avais déjà fait semblant de jouer.
Si tant est que cette démonstration ait de l'importance.

C'était toi l'objet de la transaction, plus que ta performance.

Nulle surprise ne se manifeste sur ton visage à l'annonce du premier rôle que tu as décroché.
Une arrogante satisfaction, peut-être.

Ils vantent un visage atypique, étrange.
Un regard profond, une froideur palpable, un sourire cassé.
Un physique qu'ils veulent exploiter.

*  *
*

Ça te rend nerveux.
Effrayé, ou un peu trop joyeux.

Tu vas aller là haut Irvin, tout là haut.

Tu vas aller dans l'espace.

*  *
*

Le souvenir du voyage s'est rapidement estompé pour faire place au rythme éreintant des journées qui ont suivi.
Et tu ne comprenais pas tout ce qu'ils t'ont dit de faire.

Le maquillage était toujours le plus long à faire. La peau recouverte d'une épaisse poudre blanche, les yeux cernés, et tu gardes encore en bouche le goût de ce qu'ils te faisaient avaler pour avoir les lèvres, la langue et les dents noires. Parfois ils recommençaient entre deux prises. Mais contrairement à ceux à quoi tu t'attendais, tu n'as pas eu beaucoup de textes à apprendre.

Ils t'ont fait pousser des cris, ils ont projeté sur toi des éclats de sang.
Tu ne savais pas ce que tu faisais. Mais t'avais conscience de ce que ça signifiait.

Tu dois lui sauter dessus.
Tu dois passer tes doigts autour de son cou,
les plonger dans les plaies.

Ces images qui s'impriment sur la rétine, qui s'infiltrent jusqu'aux confins de ton esprit. Et peu à peu, tu te fermes pour encaisser, pour accepter, tu te mets à agir sans y réfléchir. Le soir, tu étouffes et ravales cette boule de stress qui est venue se loger dans ta gorge, celle qui t'empêchait la journée d'avoir la nausée.

Sans que tu ne le saches, c'est ta dernière once d'innocence que tu tues à petit feu pour supporter ce que tu vois.
Jusqu'à ne plus avoir l'impression que c'est ta main qui s'abat pour semer une mort factice, avatar fantôme des cauchemars.

*  *
*

T'as passé tes journées de repos dans ta chambre sans chercher à sortir, finalement.
Sortir c'est rester dedans.

Ton père avait raison.

Ici, l'air sent mauvais.
De loin, les gens semblent sentir mauvais.
Le plateau de tournage, les rues étroites, tout est poisseux et sent mauvais.

Il parait que celle-ci était moins pire.
Mais t'es déjà recouvert du dégoût de ton père pour les colonies.

Recouvert, jusqu'à en être aveuglé.

*  *
*

Ton retour sur Terre aurait dû être une bonne nouvelle.

Tu ne retournerais plus là-haut. Plus jamais.
C'est décidé.

Entre temps quelque chose a changé en toi Irvin, mais tu ne le sais pas. Et comme personne de l'extérieur ne voyait la différence, tu n'as vu que les félicitations de ton professeur, le respect que les autres élèves devaient te porter. Le mur qui s'est construit entre toi et eux, qui te protégeait de leur sentiment d'injustice.

On leur a dit qu'ils n'avaient pas l'âge de voir le film dans lequel tu as tourné.
Alors pourquoi t'as eu le droit de jouer dedans ?

La réponse de ton père est devenue la tienne, tu es unique.
Tu es important.
Plus qu'ils ne le seront jamais.

Et cette idée est d'autant plus confortée quand Emmett t'explique combien le film a marché.
Que bientôt, tu seras une véritable star.

Il a été invité pour s'exprimer publiquement à ta place, pour profiter de ton nouveau succès.

T'as appris en même temps que le public que ton contrat a été prolongé pour tourner la suite qu'il vient aussi d'annoncer.
T'as appris en même temps que le public l'annonce de son prochain mariage, son nouveau trophée à exhiber.

Tu n'avais plus le droit de retourner à l'école, tu ne verrais plus que des professeurs particuliers.
Tu vas devoir retourner là-haut.
Tout s'est très vite enchaîné.

D'autres plateaux télé, des interviews, où tu as appris qu'ici aussi, il fallait jouer la comédie.

Il est devenu une parenthèse.
Ton retour sur Terre aurait dû être une bonne nouvelle.

*  *
*

Le maquillage. Le sang. Les cris.
Le maquillage. Le sang. Les cris.
Le maquillage. Le sang. Les cris.
...

*  *
*

Peut-être que tu aurais dû rentrer plus rapidement dans le hall de votre hôtel, quand l'ordre a été sifflé entre les dents de ton père.
Pourtant, tu sais qu'il faut vite se réfugier lorsque la colère gronde dans son ton qui monte, avant qu'il ne se mette à hurler, à t'attraper par les cheveux, broyer ta mâchoire comme une brindille entre ses doigts. Mais pas cette fois, t'as pas pu aller plus loin que ce qu'il fallait pour te cacher.

Il y a quelque chose de fascinant, inquiétant, à entendre cette violence dirigée contre quelqu'un d'autre que toi.
Et t'as pas pu t'empêcher d'écouter un petit peu plus que ce qu'il fallait.

Elle a parlé d'une annonce, de l'annonce.
Elle a commencé à crier à propos d'une sœur.
Elle aurait voulu crier un peu plus fort, mais le son d'une gifle l'a coupée.
Après t'as plus très bien compris la suite, mais t'es pas certain de pourquoi ton père parle de chanter.

T'as compris que c'était juste le moment de filer très vite.
T'es pas sûr non plus de réellement supporter cette violence.

Même dirigée contre quelqu'un d'autre que toi.

*  *
*

Tu sais qu'il ne faut plus rien dire.
Il emballe ses affaires, mais pas les tiennes.

C'est au tout dernier moment qu'il t'expliquera. Comme d'habitude.

Il ne faut juste plus rien dire jusqu'à ce que ce soit terminé.

*  *
*

« Bonjour mon petit Irvin, oui tu peux t'asseoir. Bien sur que tu peux en prendre, c'est là pour ça ! Alors, ton papa m'a expliqué qu'il a dû partir à cause d'une urgence, à toi aussi ? Tu sais que maintenant qu'il est parti il t'a confié à moi ? Oui, on ne pouvait pas tout arrêter en plein milieu si tu le suivais, j'espère que ça ne te rend pas trop triste de plus le voir ? Non ? C'est bien, t'es un grand garçon. Alors dis moi, comment se passe le voyage pour toi, tu aimes bien tourner ici ? Justement, je voulais qu'on discute un peu de ton rôle. Tu le fais très bien, tu sais. Non, je n'ai aucun problème avec. Tu savais que c'était moi qui m'occupait de tout ici ? Oui, je décide et je choisis, et je dois tout faire à la fois. La dernière fois, on avait pas eu le temps de se retrouver qu'à deux pour que je puisse faire tout mon travail. Aujourd'hui, c'est moi qui vais te photographier. Oui, place toi là, mon petit Irvin. J'ai besoin que tu fasses comme si on tournait pour de vrai, et là aussi tu dois faire tout ce que je te dis. C'est aussi pour le film. On commence comme pour le maquillage, il faut que tu retires ta chemise. Oui, comme ça... Et regarde moi, regarde moi bien. »

*  *
*

Un regard mort sur un visage mort.
Ils ont dit que tu n'as jamais aussi bien performé.

*  *
*

Ça t'a semblé durer des années. Des années avant que tu ne revois ton père, venu te récupérer à ton retour de tournage.

Il te parle de ta future nouvelle maman sans grande conviction, et toi tu entends sans écouter.
Il paraît qu'ils ont avancé les préparatifs.
Il serait peut-être temps pour toi alors de la rencontrer.

T'as pas le temps d'hausser une épaule que le sujet est déjà clos, et il te demande comment ça s'est passé là-haut.
Si rien n'avait été gâché par son départ.

Tu lui dis que tu commences maintenant à t'y habituer.
Tu lui dis qu'ils ont tous été contents de toi.

Tu es silencieux.

Et tu baisses la tête.

Tu lui demandes si c'est normal que le patron a voulu te voir et te toucher.
T'as pas besoin de la relever, pour savoir que la sienne n'a pas bougé.

Il te dit que tout le monde dans ce métier fait ça pour réussir.

Cette phrase incisive gravée dans un morceau arraché de ton âme.

Ton esprit, lui, a enterré au plus profond de ta mémoire cette discussion.
Là où tu ne pourras plus la retrouver.

*  *
*

T'es presque surpris en poussant la porte de votre vaste salon, en voyant une chevelure épaisse recouvrir le dos d'une femme que tu ne connais pas.
T'avais déjà tout oublié.

La seule chose qui t'est restée en tête, c'est ce regard furtif qu'Emmett t'a jeté avant de repartir,
après t'avoir dit qu'il ne sortait pas de la voiture pour retourner travailler.
Ce plissement étrange qui lui a tordu la bouche le temps d'un battement, que t'as jamais su interpréter.

Le même battement de cils que tu offres à cette étrangère, pour toute réponse lorsqu'elle s'incline pour se présenter.

Eirin. Eirin, future Valentine.
Et elle n'a rien d'une nouvelle maman.

Tu vas peut-être bientôt atteindre tes dix ans, mais elle a à peine plus du double de ton âge.

Elle est belle comme un nouveau trophée.
Si tu l'écoutais vraiment, tu pourrais presque te demander d'où vient ce léger accent.

Mais tu vois juste cette femme creuse qui vient subitement s'imbriquer dans votre quotidien.

Ton mépris n'en démord pas.

Tu ne veux pas d'elle ici,
tu ne veux pas qu'elle s'approche,
qu'elle reste dans un recoin loin de ta vie.

Elle n'aura droit qu'à deux réponses mono-syllabes, et une porte qui claque lorsque tu retrouves ta chambre.

Tu ne veux pas voir le reste,
tu ne veux pas la voir elle.

Tu sais juste pas à quel point cette femme a peur de ton père, combien elle reste intimidée face au fils.

Tu t'en fous Irvin. Là, maintenant, tu t'en fous de tout.
De la maison, d'elle, de l'avenir.

T'es seul enfin, et ce trop plein qui crève en toi te fait hurler dans l'oreiller.

*  *
*

Ça pourrait presque ressembler à une routine qui commence à s'installer, si ça pouvait réellement en devenir une à cet âge.

Des plateaux télé, où ton père te fait parader à côté de lui, des interviews.
Des photographes qui te demandent sans arrêt de poser, ceux qui vous suivent dans les rues, t'effraient, pour voler de nouveaux clichés.

Le tout jeune Irvin Valentine. Jeune révélation.
Future étoile montante.
Ton visage déjà iconisé dans le paysage du cinéma d'horreur.

Un rythme éreintant pour un enfant, une médiatisation poussée par un paternel bien trop fier.

Tu ne sais pas si tu aimes ça.
Ou si tu voudrais disparaître.

Un peu des deux à la fois, qui sait.

Tu n'as pas vraiment d'amis, de rares occasions de rencontrer les gamins de ton âge, quand ils avaient le droit de t'approcher. Ton seul confident a été ton carnet. Quand tu as le droit d'être seul, de te retrouver, c'est des mots par centaines que tu vomis sur les pages blanches, des histoires qui font écho à la tienne, à défaut de vouloir la raconter proprement. Des pensées, beaucoup de pensées, des réflexions d'enfant sur un monde qu'il ne comprend pas encore, mais qui l'essore pourtant jusqu'aux os.

Alors tu couches sur papier tout ce qu'on ne pourra jamais te voler.

*  *
*

On toque à ta porte.
C'est étrange, d'habitude ton père entre sans frapper.

Eirin n'a jamais osé le faire sans ton accord explicite, et il est extrêmement rare pour toi de voir son visage à l'ouverture de la porte.

Tu t'es habitué maintenant, depuis bientôt un an, à sa présence silencieuse, à ses attentions distantes, sa politesse qui n'a jamais fait de vague. Ta méfiance n'a pas entièrement fermé les yeux, bien que la colère a eu le temps de s'émousser légèrement.

Mais elle a été bien vite clairvoyante sur la manière dont te traite ton père.
Et elle a compris que si elle ne t'en parlait pas elle-même, tu ne l'apprendrais pas avant des mois.

Elle t'explique qu'il se passe des choses entre une femme et un homme, quand ils vivent ensemble pendant un certain moment.
Elle est gênée, ne veut pas entrer les détails, sans oser demander ce que tu sais réellement.
Elle utilise des mots et tournures de phrases comme si tu avais encore cinq ans.

Ça t'a toujours agacé.
En surface.

Car elle est aussi la dernière à te considérer encore comme un enfant.

Mais tu ne dis plus rien, Irvin.
Car tu ne seras plus le seul.

Tu ne seras plus tout seul.

*  *
*

T'as eu tout le temps qu'il fallait pour te demander si c'était ce que tu voulais ou non.
Sans réussir à trouver la réponse, à trancher, elle joue l'équilibriste entre ton égoïsme et ta solitude.
Mais c'est pas assez de temps pour choisir, tu dois enchaîner les tournages.

Ils ne disent pas qu'ils veulent profiter au maximum de ton jeune âge, avant que ce ne soit trop tard, mais c'est ce qu'ils font.
Tu as rencontré de nouvelles équipes, de nouveaux acteurs.

Au départ, t'étais même soulagé d'avoir eu un nouveau grand patron.
Répit. Tu voulais enfin souffler.

Mais cette fois-ci, c'est un autre qui a refermé la porte des cris étouffés.

C'est ce qu'ils font.
C'est ce qu'ils font.

Et tu dois faire ça pour réussir.

T'es éteint maintenant Irvin.

*  *
*

Non, il en est hors de question.
Hors de question de retourner dans la moindre colonie.

Cette fois-ci, c'est ton père qui l'a dit.
Alors tu sais que cette fois-ci, ce sera pour du vrai.
Vous n'allez plus y retourner.

Tu captes à peine la lueur de tristesse qu'Eirin tente de dissimuler, à toi autant qu'à ton père, encore moins la menace sous-jacente derrière la colère dans ses prunelles à lui. Voilà bien une décision que tu acceptes sans mal.

*  *
*

Tu ne pensais plus pouvoir te rallumer, tu ne le voulais plus.
Jusqu'à ce que tes yeux brillent pour la première fois, en plongeant dans ce regard clair battant des cils au fond du berceau.

Elle est toute petite, rouge comme une poterie, fripée quand elle n'essaye pas de s'étirer. Tu secoues le lit doucement, pour qu'elle se taise, qu'elle arrête elle aussi de crier. Elle a ouvert les yeux pour te regarder. Ils sont bleus, profonds, ils t'électrisent. Et tu ne peux plus cesser de la dévisager. Autour de son poignet, tu lis sur le bracelet en plastique.
Ellie Valentine.

Tu n'es plus tout seul, Irvin.

Et tu lui souris.

*  *
*

Tu plonges tes doigts dans ses joues, tu presses tes lèvres sur son front.
Sa peau est toute douce.

À force de lui lire des histoires le soir, t'as fini par toi-même les écrire.
T'as aussi appris à porter Ellie comme il faut, comment la bercer pour la calmer, de quelle manière la faire manger.
Et maintenant tu la bordes comme tu ne t'en lasses jamais.

Et chaque soir tu lui parles, et tu lui fais des promesses.

Personne ne la touchera comme on t'a touché toi.
Tu ne laisseras pas papa jouer avec elle comme il a joué avec ta vie.

Elle est un cadeau qui t'a été offert, et tu prendras soin d'elle.

*  *
*

Cette fois-ci a été différente. L'homme qui ferme la porte t'as tendu un verre.
C'est chaud dans la gorge, ça fait mal à l'estomac, ça te tourne la tête. Et tu ne comprends plus le monde autour de toi.

Cette fois-ci était un peu plus supportable que les autres.

Depuis, tu remarques ce détail auquel tu n'avais jamais fait attention, combien autour de toi l'alcool est si facile d'accès. Les placards, les frigos, sans surveillance et personne pour tout compter. Et il t'en faut peu, rien qui ne se remarque.

Tu n'aimes même pas vraiment ça.
Mais le sommeil arrive plus vite, le soir, et la mémoire mange les mauvais souvenirs.

Le temps file sans vraiment que tu ne le remarques.

*  *
*


On toque à la porte.
Tu n'es plus surpris de voir Eirin entrer dans la chambre, maintenant.
Elle lance un regard tendre au berceau, plus furtif en remontant vers toi, avant de poser dans l'armoire la pile de linge fraîchement plié.

T'es étonné qu'elle n'attende pas demain que les domestiques le fassent à sa place.
T'es étonné de son embarras, de la lèvre qu'elle mord comme lorsqu'elle cherche ses mots pour te parler.

Sa main effleure le visage d'Ellie, elle ne lève pas les yeux quand ses lèvres s'agitent à ton encontre.

Elle te dit « c'est fou comme vous pouvez vous ressembler elle et toi. »
Elle te dit « votre père préfère insister sur le fait qu'elle soit une pure et belle terrienne, plutôt que sur vos autres ressemblances. »
p
Et elle ajoute « pourtant c'est aussi ton cas. je me posais juste la question... tu le sais, toi ? »

Un battement de cils circonspect plus tard, elle sort de la pièce, laisse la réponse à sa question en suspend parmi tes interrogations.
C'était pour toi qu'il fallait la chercher, mais à cet instant t'avais encore rien compris.
Mais cette discussion là.
Tu ne l'as jamais vraiment oubliée.

*  *
*

Un cri aigu te poursuit dans le jardin, avant de heurter tes mollets, manquer de s'effondrer dans l'herbe.
T'es toujours surpris de voir Ellie courir aussi vite quand t'as l'impression que la semaine dernière à peine elle apprenait à marcher.
Il y a eu ses premiers mots aussi, puis ses premières phrases.

Elle vit comme tu n'as jamais pu vraiment vivre.
Ça te rend plus heureux, de la voir comme ça.

Du coin de l’œil, tu peux déceler un sourire d'Eirin.
Elle avait conscience qu'il ne fallait attendre d'Emmett ni plus d'amour ou d'attention qu'il n'en a eu pour son premier enfant.

Tu ne saisis pas l'empathie de cette femme, ni qu'elle puisse autant en avoir pour toi.

Mais elle est la seule que tu tolères auprès de ta sœur.
Tu ne laisses jamais l'autre seul avec elle, tu accours au moindre éclat de voix à son encontre pour la récupérer, et tu commences avec une assurance qui te surprend à lui répondre avec la même furie entêtée.

T'es pas encore tout à fait un ado Irvin, mais il y a bien longtemps que tu aurais eu besoin de faire ta crise.

*  *
*

On t'a fait faire de l'horreur, du malsain.
Puis de la science-fiction, du thriller, t'as même partagé l'écran avec de grands acteurs d'action.

T'es rôles se diversifient. Mais ils se font plus rares, aussi.
Tu grandis et ton visage commence à intéresser moins de contrats.
Ils sont remplacés par des tempêtes de frustration paternelle, de culpabilité, autant que de courroux personnels.

Et un sentiment que tu ne pensais pas ressentir un jour, l'injustice du désintérêt progressif.
Les premières critiques. Le revers de la médaille.

Tout ce que tu n'aurais jamais pu imaginer qui te fouette d'un coup, émotion contraire de se faire rejeter par toute l'industrie qui t'as broyé et que toi-même, tu as rejeté avant ça.
Tu les hais. Tous.

Mais tu ne peux t'empêcher de t'accrocher à ceux qui veulent encore de toi.

Tu n'attends plus le soir pour boire les premières gorgées, tu les entames avant de tourner.
Jamais trop, pour ne pas le transparaître devant la caméra, mais le rituel devient régulier.

Ça fait longtemps que tu te sens crevé, après tout.
Tu commences à peine à percevoir le gouffre béant que tu peines à emplir.
Que tu as au fond de toi, si vaste, qu'il te dévore peu à peu pour prendre ta place.

Irvin, tu es cette cavité creuse.

Qui se promet de ne pas montrer ses faiblesses de l'ivresse, mais qui peu à peu l'attise sans s'en rendre compte.
Ils ne disent rien autour de toi, ils ferment les yeux comme ils l'ont toujours fait.
Ils continuent de faire tourner la caméra tant que tu te tiens droit.

Ça a duré un temps, deux temps, jusqu'à cette fois là.
Un geste trop brusque, un décor mal accroché, un acteur qui tombe deux mètres plus bas.

Tu n'es même pas désolé.

Ils t'ont renvoyé dans ta loge, c'est ton père qui est venu te chercher.
Tu savais qu'un jour ça finirait par arriver.
Avant le recul, tu serais presque étonné qu'il ait attendu quinze ans, mais pour la première fois, il lève la main sur toi.

Il aurait peut-être du le faire avant -ou jamais- car ta colère explose avec lui.
Vous vous battez, tu finis au sol la bouche en sang, vomissant l'alcool ingurgité.

Ce fut la dernière fois que l'on t'appela pour un tournage.

*  *
*

Les sourcils froncés, tu fixes l'heure avec une impatience non dissimulée.
L'école est finie, pourtant, et Ellie ne devrait arriver que dans quelques minutes.
Elle est la seule que tu veux voir.

Et elle est la seule que tu peux voir, aussi.

De l'extérieur, tu ne vois que tes professeurs particuliers, et un médecin qui vient chaque mois t'ausculter.
C'est devenu le rituel morne de ton sevrage forcé par Emmett.

Il te rend au centuple tous les efforts qu'il a dû déployer pour te faire garder la face, empêcher de laisser s'ébruiter l'affaire.
C'est l'honneur de la famille qui est en jeu.
L'image des Valentine.

Alors pour ne pas finir en cure de désintoxication si jeune, c'est lui qui te l'impose loin des yeux du public.
Ça marchera, peut-être. Pour un temps.

Retarder quelque peu la replonge.

De toute manière t'as jamais vraiment écouté personne, pas même ton père.
Sauf Ellie. T'as toujours du temps pour elle.

C'est à elle que tu écris des histoires pour l'aider à s'endormir le soir, après qu'elle t'ait raconté ses journées d'enfant découvrant la primaire.
Et c'est elle qui te fait décoller de ton bureau quand tu entends la porte d'entrée claquer.

*  *
*

Il y a ton jardin secret, là où seule ta sœur peut entrer.
Puis ces mauvaises herbes que tu arraches, pour les tendre avec dégoût à Emmett.

Tu sais déjà comment il va réagir.

En venant jusqu'à lui, tes mots ne sont traduits qu'en chiffre.
Il s'enorgueillit de sa plume qu'il t'aurait finalement transmis.
Tu n'avais pas vu cette lueur avide briller dans ses yeux satisfait depuis longtemps, si ça ne se compte pas en année.

Ces derniers mois sa garde s'est relâchée, comme tu l'as prévu.
Il ne peut pas te contenir éternellement.

T'as été le parfait faux garçon sage, sachant doser l'insupportable.
Et surtout, tu veux enfin retourner à l'école, passer tes dernières années de lycée dans un établissement privé.
Tu lui parles de l'école de journalisme que t'aimerais intégrer, du cursus de langue que tu veux compléter.

Et ton père finit enfin par céder.

*  *
*

Tout est pareil, tout est différent.
Tout le monde te connait, personne ne te connait vraiment.

Les cours t'intéressent peu, les meilleurs enseignants étaient déjà venus chez toi avant, veillant à ce que tu ne souffres d'aucun retard, aucune lacune.

Mais cette masse grouillante d'adolescents autour de toi.
Ils te fascinent.

Ils t'écoutent, cherchent ton attention.
Les filles t'observent de loin, et les garçons n'osent pas te dire quoi que ce soit.

Et ils sont si aisément malléables.

Ta table devient celle d'un Roi et de ses sujets.
C'est facile, tellement facile.
Si facile de les utiliser. De les toucher, eux aussi.

Il suffit de charmer, un peu, savoir faire semblant.
Tu l'as fait toute ta vie.

Des œillades, un mot doux lâché comme une friandise, tu abandonnes un temps pour les voir revenir te chercher, et tu appâtes vers un couloir vide quand tu sais qu'on ne peut plus rien te refuser. Tu flattes, promets le secret.

C'est comme ça qu'on glisse d'une addiction à l'autre Irvin, tu le sais ça ?

*  *
*

Le son de tes pas résonne dans le grand salon vide.
Le son du silence.

Tu l'accompagnes d'une cigarette, les yeux fermés en te laissant tomber dans le sofa.
Le bar incrusté en face de toi te nargue, attendant désespérément d'être rempli, comme le reste de cette pièce.
Tes affaires n'arriveront que demain. Mais toi, t'as pas pu attendre jusque là.

Ça va faire un sacré trou dans le compte en banque.

Faut dire que t'as pu récupérer ton compte et bloquer tes livrets que maintenant, avec une bonne partie de tes anciens cachets dessus. Tu ne sais même pas combien ton père a pu ponctionner dessus, tu veux pas l'imaginer, prendre conscience de tout ce qu'il t'a volé.
Ta vie. Ton travail forcé.

L'éventualité folle d'un procès t'a effleuré l'esprit.
Mais t'as bien trop à perdre, ta sœur la première, pour t'y risquer.

T'as encore besoin d'Emmett. De son nom, son réseau.

Mais t'as enfin ton propre chez-toi.
Le plus beau cadeau que tu pouvais te faire pour ta majorité.

*  *
*

Valentine, oh Valentine.
Il est lourd à porter ce nom.

Sans le poids de ton père directement sur tes épaules, il te parait plus léger, mais ici, il y aura toujours quelqu'un pour te le rappeler. Pourtant, t'es parti de chez lui pour ne pas étouffer sous son ombre en démarrant tes études. T'aurais déjà quitté cette ville pour une autre si ta sœur n'avait pas besoin de toi.
Et toi tant besoin d'elle.

Mais ça fait plusieurs générations déjà que ton nom est gravé sur ce tentaculaire réseau d'information.
Les journaux, la mode comme l'actualité, il est toujours là quelque part.

Et tu te rends compte qu'il y a plusieurs portes qu'il peut aussi ouvrir.

*  *
*

T'as jamais vraiment pu oublier les mots d'Eirin.
Ni cette étrange rencontre à l'époque de la colonie.
Ni toutes les colères de ton père lorsque le sujet de là-haut était effleuré.

Mais tu commences juste à comprendre.

T'as envie de déchirer ta carte d'identité, et ton acte de naissance qui indiquent tous un mensonge que tu ne peux pas réfuter.
T'as fait le tour des hôpitaux et cliniques de cette ville, et même de la bulle la plus proche dans ce putain de pays.

T'es né nul part.
T'existes nul part.

Sans ces papiers t'existes pas et t'es personne.

Et tu le hais.

*  *
*

Tu as enfin pu commencer à penser à toi.

Bien sûr que tu suis assidûment les cours, t'es le premier critique de ton travail avant tes professeurs.
T'es là aussi pour décrocher tes bonnes notes parce que tu te sais doué dans ce que tu fais.
Mais tout ça, c'est le brouillon de tes autres projets.

Ta plume s'acère, s'habille de prose, se met en forme par le cynisme.
Elle suinte, poisseuse, parfois pornographique.

Tes mots sont crus.

Ils prennent lentement forme, et s'alignent sous une reliure.
Pour finir comme étant ta première véritable fierté personnelle, un recueil de nouvelles.

Frontière ténue entre la fiction et l'autobiographie que ton inconscient a plus ou moins taillée, flirtant avec le plus sombre et métaphorique fantastique pour briser la froideur avec laquelle tu parles de la réalité. Et un peu de tendresse dans un peu de poésie. L'autre connait les éditeurs, ceux qui peuvent le mettre en avant. L'adresse des émissions qui se chargeront de le présenter.

Un rêve enfin accompli pour le commun des mortels.
Un premier essai presque... décevant, pour toi.

Rien d'assez satisfaisant à tes yeux.
Ton nom a attisé plus de curiosité que de véritable intérêt, encore rattaché à la carrière d'acteur dont tu veux t'arracher.

Les premières critiques sont là, beaucoup surprises, certaines choquées. Aucune indifférente.

La plus importante, celle d'Ellie qui te dit qu'elle est fière de toi, qu'elle a volé un exemplaire pour le lire en cachette. Et que même si elle n'a pas tout compris et que c'est parfois dégueu, elle te dit que tu y arriveras.
Ton étoile, ta princesse.

*  *
*

Ton regard toise la masse bruyante de collégiens sortant de l'établissement, à la recherche de la tête ébouriffée que tu attends. Lorsque tes horaires te le permettent, c'est toi qui va la chercher après les cours, ton peu de temps restant lui étant entièrement dévoué.

Tu jettes un œil aux élèves qui l'accompagnent, observes les visages à ses côtés et les attitudes envers elle.
Bien plus inquisiteur lorsqu'il est caché par ces vitres teintées.

Aujourd'hui, Ellie est contente de te voir.

Parfois elle bondit comme maintenant vers ta voiture, d'autres fois elle te dit qu'elle aurait préféré rentrer avec ses amis.
Ça t'irrite.

Parce que tu ne sais pas vraiment ce que c'est, qu'avoir des amis.
Et à tes yeux nulle relation ne devrait être plus importante que la vôtre.
Tu accuses silencieusement son âge, elle se moque de toi, et d'un coup tout lui est pardonné.

Tu lui demandes comment s'est passée sa journée, capable de l'écouter parler durant des heures.

C'est pas les tiennes que tu pourras lui raconter, hein Irvin ?

*  *
*

Que peux-tu réellement dire, après tout.
Les soirées étudiantes comme un plateau d'argent te servant le poison de ta vie en quantité illimitée. Tu t'en abreuves jusqu'à la dernière goutte, goûtes la véritable chaleur d'un corps, de plusieurs corps, de tous ceux qui t'intéressent. Et ils sont nombreux.

Tu rattrapes avec une volonté capricieuse toutes ces années de perdues.
Tu sens l'indécence, respires l'impudence, te nourris de la fascination de ton cercle de fidèles pour leur en abreuver.
C'est surtout auprès de ses paires qu'un Valentine en école de journalisme serait comme chez lui.

Beaucoup d'entre eux vendraient leur vie pour travailler pour sa famille.
Et toi, tu découvres et savoures pour la première fois le pouvoir et l'ascendant sur autrui.

Tu ne subis plus, tu prends.

Et de toutes ces calamités que tu sèmes autant que tu récoltes, a coulé goutte à goutte de la pointe de ta plume ta deuxième œuvre. Plus longue que le précédent essai, mieux structuré, tu commences réellement à te trouver. Tu soignes la communication aussi, tes réseaux sociaux sociaux et la publicité faisant déjà fuiter les rumeurs depuis quelques mois. Tout était prêt pour sortir le jour de ta remise de diplôme.

Tu veux casser l'image de l'enfant star par une toute nouvelle qui marque, balaye les souffles, envoûte autant qu'elle rebute.

Cette journée fut le pinacle de ta vie.
Et tous tes souhaits se réalisent.

*  *
*

C'est la première fois que tu peux toi-même signer un contrat à ton nom.
T'aurais pu ne pas t'en rendre compte, mais ça t'a tout de même fait quelque chose sur le moment.

T'aimes même pas vraiment la télé. Mais tu sais aussi que t'as pas trop le choix, si tu veux rebondir et relancer ta carrière.
T'arracher de l'ombre d'Emmett et de cette étiquette d'acteur qui te colle à la peau. Jusqu'aux os.
C'est peut-être un choix de merde, mais c'est aussi ce qui t'offrira un nouvel espace pour t'exprimer.

*  *
*

Les ventes s'envolent sans que tu ne puisses les compter, les séances de dédicaces sont fermées avant qu'ils ne puissent tous passer, tes réseaux sociaux éclatent, des curieux aux fascinés.

Tout n'est qu'image, encore, toujours.
Tu multiplies les séances photographie pour mieux l'alimenter, chaque nouvel abonné comme potentiel lecteur. Cercle de popularité, spirale d'adulation, icône trash qui dérange.

Le sentiment brûlant de pouvoir enfin voguer par toi-même. Couler par toi-même.

Maintenant, c'est toi qui ferme la porte.
Celle de ton vaste appartement.

Et tout ce qui se cache derrière est un petit secret qui ne s'ébruite qu'en rumeurs, que tu aimes pourtant démentir lorsque ton sourire semble confirmer.
Il y a les habitués, ceux qui te suivent reçoivent une invitation glissée entre deux dédicaces, où en message privé.
Et toi au centre qui te délectes du buffet que tu t'es toi-même offert.

Parfois, des week-ends entiers sont dérobés à ta mémoire. N'en restent qu'une succession d'images et de sensations, tu perds sens du temps, de la réalité, de l'espace autour de toi. Tu te laisses chuter dans ce puit sans fond, agrippant dans ta débâcle toute personne s'approchant de toi. L'impression de tomber à l'envers alors que tu te sens au plus haut. Les semaines passent, et les mois avec, dans l'ivresse poisseuse des excès.

Plus rien n'a d'importance sinon toi-même, et tout ce que tu peux dilapider.

*  *
*

River...
La première fois qu'on t'a appelé comme ça, c'était il y a des années.
C'était même pas vraiment ça.

Ellie n'arrivait pas encore à parler, ni même articuler ton prénom.
C'était pas tout à fait ce mot là non plus, mais ça y ressemblait, et à force d'essayer vous avez fini par tomber dessus.

Aujourd'hui, tu sors parfois dans la confidence des ouvrages signés à ce nom.

Tu sais qu'ils sont destinés qu'à une seule lectrice. Et elle le sait, aussi.
Il n'y a qu'Emmett et le grand public qui ignorent qui est vraiment cet auteur obscur de petits livres pour adolescents.

*  *
*

Le téléphone se raccroche aussi brusquement qu'un couperet lâché sur ta nuque.
Au bout du combiné, la voix angoissée de ta sœur te suppliant de rentrer.

Tu as passé ces dernières années à revenir erratiquement à la maison, n'ayant plus le temps -oubliant- d'appeler Ellie comme tu le faisais avant. Le temps ne s'est pas figé pour elle, ni pour personne d'autre, mais ta vigilance s'est lâchement relâchée. Depuis elle a grandit, et les yeux de son père se sont un peu trop posés sur elle. Et comme d'habitude ils ont commencé à compter.
Si elle s'y mettait dès à présent, il pouvait lui promettre un avenir tout tracé dans le mannequinat.

Tu les connais, les promesses de ton père, elles ont valeur d'ordre immuable.
Et tu vois rouge Irvin, comme jamais.

Tu aurais pu arracher la portée d'entrée quand t'es entré pour le rejoindre.

Tu pensais lui parler, tu pensais tout faire pour l'en empêcher.
Mais à la place tu l'as saisi par le col pour le plaquer contre le mur.
Toutes les années de rancœur qui éclatent en même temps, tu hurles, et tu retrouves ton poing enfoncé dans sa gueule.

Ton poing qui s'enfonce, qui refuse de le relâcher.

Jusqu'à ce que deux mains douces te saisissent pour t'arrêter.
Tu ne vois pas la peur dans les yeux clairs, trop obsédé par ta haine.

Il ne la touchera pas.

Il ne fera pas ce qu'il veut de sa vie, pas comme il a fait pour toi.
Elle est pas à lui, il a pas le droit.

Tu ne crois plus aux mensonges, tu sais qui il est. Tu sais qui tu es toi-même.
Tes cris exhortés s'enchaînent, déversent tout le poison que ton fiel a accumulé, les sujets et paroles t'échappent.
Colonien. Le mot est dit.

Tu ne comptais pas en parler, et tu n'as pas le temps d'être surpris par toi-même qu'une violente douleur t'accroche la mâchoire, le ventre, le dos. Tu l'as traité de colonien, et tu ne vois même pas quelle décoration il a attrapé pour te rosser. Un cri aigu dans ton dos te fait l'attraper par le bassin pour le plaquer.

Ellie pleure, elle vous supplie d'arrêter mais tu ne l'entends pas.
Le temps passe, aussi rapide qu'il semble long, cinq minutes comme cinq heures à vous frapper et vous insulter.

Tu craches au sol.
Tu ne seras plus jamais le jouet d'Emmett.

Il rit du jour où tu reviendras le supplier.

*  *
*

Tu comptes plus le nombre de fois où t'as demandé pardon à Ellie.

Tu t'es excusé auprès d'elle, le cœur crevé à chaque étincelle de peur qui se glisse à nouveau dans ses yeux.
Mais cette fois-là était peut-être la fois de trop.
Tu lui faisais déjà peur lorsqu'elle te voyait ivre, peur de ce que tu pourrais faire, et tu n'as pas eu besoin de l'être pour lui montrer.

T'as jamais parlé de cette partie de toi à qui que ce soit, pas même à ta sœur.
Mais tu lui racontes enfin tout ce que tu sais. Sur votre père, sur toi.

Il y a aussi tout ce que tu ne sais pas.

Elle t'a malgré tout écouté, le visage pincée de colère fraternelle.
Elle t'aime toujours, et vous vous êtes bâtis ensemble, il y a des choses qu'on ne peut vous retirer.
Mais elle est encore un peu jeune pour appréhender tout ce que t'as enduré, tout ce que t'as encaissé pour l'en préserver.

Longue discussion à cœur ouvert où tu ne tentes plus de te cacher.
Tu lui dis que tu as besoin d'elle, toi aussi.

Sa voix se fait toute douce.
Elle veut bien passer certains jours chez toi, comme une seconde maison pour fuir la première.

*  *
*

Tu te considéreras toujours avant tout comme un auteur.
Même dans ces périodes intenses où tu n'écris plus, où tu frôles le burn-out chaque jour un peu plus.

Tu rédiges seulement des articles pour les revues qui te publient,
un article, un autre article, une ligne de coke, et t'es prêt pour enregistrer l'émission de ce soir.
T'as ton propre créneau, tes propres invités maintenant.

C'est même étonnant que tu trouves encore le temps de garnir tes réseaux sociaux. Le pont de proximité avec le public que tu attises.
Mais tu brilles à l'aurore de ta carrière qui décolle enfin de manière satisfaisante, tu veux être partout à la fois.

*  *
*

Certaines choses ne sont pas compatibles entre elles.

T'as voulu faire concorder les deux emplois du temps de tes vies insolubles, mais Ellie a fini par débarquer un jour à l'improviste.
Ça devait bien arriver à un moment, tu crois pas Irvin ?

T'as seulement pu enfermer dans ta chambre les deux corps encore endormis pour qu'elle ne tombe pas dessus, quand le reste de l'endroit est déjà une vaste scène de crime. T'as pas besoin de sortir le moindre mot pour qu'elle remarque ton intense gueule de bois, elle a pas besoin d'en rajouter pour que tu saisisses la peine et la déception dans ses yeux.

Elle secoue la tête, pose ta clef sur une table, se frotte la main de dégoût en constatant avoir touché une trace poisseuse d'alcool et de poudre blanche.

Elle ne peut plus, elle ne veut plus.
T'es pas sain pour elle et elle a aussi besoin de s'éloigner de toi pour avancer.

Elle ne parle pas, mais tu l'entends penser.

À la place, elle te dit qu'elle a réussi à décrocher son permis, et une place dans un vaisseau avant de pouvoir apprendre à les piloter.
Tu l'as pourtant aidée à le passer avec Eirin, dans le dos d'Emmett qui n'a jamais réalisé les plans de sa fille.
Elle voulait te raconter sa réaction quand elle lui a annoncé qu'elle quittait l'école de merde où il l'a inscrite pour se barrer à son tour.

Maintenant, c'est aussi de chez toi qu'elle se casse.
Elle te promet de repasser, à l'occasion, entre deux trajets.

Le bruit de la porte qu'elle claque résonne dans le creux de ton cœur.

*  *
*

...


Pseudo: Blackie

Age: Bientôt les 30 askip

Comment avez-vous connu le forum? c'était le bouche à oreille à l'époque, avant que je commence à mettre ma bouche ailleurs 👁

Le mot de la fin? *hairflip*


Miguel Galvez
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Matricule : G8 - 2231
Métier/Activité : laverie / mécanique
Humeur : fulminante
Mer 8 Juin - 22:42
Miguel Galvez
Black Perros
Ouuuuh ce perso m'attise River - éloge d'une ruine 2724088737

Bienvenue River - éloge d'une ruine 3248158617

N'hésite pas à nous signaler dés que ta fiche est terminée :)

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Jeu 9 Juin - 7:38
Invité
River - éloge d'une ruine 463559343

Bienvenue ! Ca fait plaisir de voir un nouveau chef de gang ! .. Même si c'est c'ui là.

Anastazy Zubert
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Humeur : Maussade
Jeu 9 Juin - 11:23
Anastazy Zubert
Employé
Belle plume :)
j'espère qu'on pourra rp ensemble :D

Bienvenu par ici !

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Jeu 9 Juin - 13:44
Invité
...à la fois j'ai hâte et peur, mais ça risque d'envoyer du lourd avec ce nouveau challenger River - éloge d'une ruine 937377659
Bienvenue dans le game River - éloge d'une ruine 2943064865

*planque Ado dans un tiroir*

River
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Jeu 16 Juin - 1:12
River
Nemesis
Miguel > merci hihi, j'espère que je vais me plaire parmi vous uwu River - éloge d'une ruine 1f449  River - éloge d'une ruine 1f448

Loco > ... 😒 attends un peu voir que jte défrise les dreads toi.
(jtm)

Anastazy > avec plaisir pour le RP, merci ! Mais t'es pas prêt par contre. Et moi non plus River - éloge d'une ruine 3542112596

*passe la main dans le tiroir récupérer l'Ado* reviensparicitoi,tuvaspasresterplanquécommeça 👀

merci à tous pour vos messages vous êtes des pipous, jvous jure la suite arrive ♥

River
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Métier/Activité : Employé à la bibliothèque en mi-temps
Mar 12 Juil - 1:11
River
Nemesis
je... je vous promets que j'aurais essayé 😭

Historique

T'as perdu ton dernier garde-fou, ton accroche à la réalité, la seule lueur d'un phare embrumé.
Plus rien ne te freine réellement, et toutes les colères que tu contenais se déversent en calamités.

Tu veux faire mal.
Tu veux qu'on te fasse du mal.
Tu veux t'en faire, encore et toujours.

À vingt-six ans comme à douze ans tu es resté le même, empirant même avec le temps.
Affamé du bonheur, tu te repais de joie factice et éphémère.

Et tu brises d'autant plus tout autour de toi, que le monde soit à ton image.
T'as rien demandé, t'as rien mérité, alors eux non plus n'auront pas la chance d'être ménagé.

T'as toujours pas changé Irvin, la seule différence, c'est que maintenant tu le fais consciemment.

T'as encore pu tenir encore un an, comme ça.
Jusqu'à l'arrivée de la lettre.

En noir sur blanc, une convocation par le tribunal.
Tu la fixes longtemps.
Tu ne sais même pas pour quoi on pourrait t'accuser, du moins, pour quoi exactement.

T'en as fait tellement que tu ne saurais dire. Tu joins ton avocat, passes des coups de fil, déjà prêt à verser le moindre pot-de-vin. Les lignes chauffent, les rumeurs circulent vite, et bientôt la nouvelle tombe.

Chantage, parce que toi aussi, t'as le pouvoir de briser n'importe quelle réputation et n'importe quelle vie. Tu le sais, et tu t'en sers depuis longtemps. Bien que les plus conciliants ne rechignent pas à courber l'échine, tu te dois de parfois le rappeler.

Menace, parce que tes paroles sont un venin que tu verses sans filtre, et qu'elles prophétisent tout ce que tu es capable de faire.

Agression sexuelle, parce vient toujours le moment où tu te sers, tu récupères ce que tu es venu chercher depuis le début. Dans la violence, comme on te l'a toujours appris.

Cette phrase qui résonne en toi. C'est ce qu'on fait lorsqu'on veut réussir.
On t'a laissé les clefs des portes qui mènent à la popularité, tu récoltes le paiement de passage.

*  *
*

Seul le bruit de tes ongles impatients qui roulent sur la table en écho perturbe le silence de la salle froide qui t'accueille pour la garde à vue. Tu attends l'homme censé te défendre en réprimant les bruits de bouche réprobateurs qui te viennent à chaque minute qui passe. Quand la porte s'ouvre, tu te lèves à moitié, te figes, les prunelles qui se dilatent sous la surprise.

Emmett Valentine se tient devant toi, un demi sourire aux lèvres.

Tu voudrais éclater de rage.
Les jointures de tes doigts blanchissent, la mâchoire se crispe.

Il a attendu toutes ces années pour se pointer à nouveau, avec la sûreté et la suffisance de l'arrogance.

Il te dit qu'il a renvoyé ton incompétent d'avocat pour venir à la place, et qu'il ne te laisserait plus partir en roue libre, souiller le nom de votre famille.
Il en connait un autre, bien plus adapté à ce genre de cas-là, qui en a sauvé des bien plus pourris que toi.
Les premières rumeurs à la presse commencent à se faire entendre, il a réagi bien plus vite et efficacement que tu n'aurais pu l'imaginer.

C'est là, que tu reconnais bien ton père, ce bâtard au carnet d'adresse épais comme son bras est long, veillant à ce que tu n'accèdes qu'aux premières pages de celui-ci et être sûr de garder le contrôle sur ta vie. La certitude de garder cette longueur d'avance sur toi.
Que peux-tu faire d'autre, sinon accepter ?

De toute façon Emmett le sait.
Depuis tout petit, il ne t'a jamais laissé ta fierté, et t'as bien appris depuis.

Tu lui laisses cette fierté.

La rancune est tenace.
La colère est sanguine.


*  *
*

Un nouvel homme entre, se présente comme celui qui reprend l'affaire.
Il a déjà ton dossier, t'expose ce que tu savais déjà, rajoute des choses que tu ignorais totalement.
Il te parle d'un avocat mis sur le coup encore peu expérimenté, l'air méprisant, signifiant qu'il n'est pas grand chose pour lui mais une opportunité pour toi de t'en sortir.

Il t'expose un véritable plan de bataille.
Tu comprends peu à peu dans ses paroles qu'il n'est pas là pour défendre ton innocence -qui pourrait prouver l'existence de l'inexistant- mais qu'il compte briser tout ce qui a été mis en place pour t'attaquer. Et ta confiance en ses capacités enfle doucement, tu l'écoutes, prends en note, tu prépares tes mots à l'avance lorsqu'on viendra t'interroger.
Le plan se dessine en même temps que ce sourire sur tes lèvres fines.

*  *
*

Un nouveau témoin vient s'ajouter à la liste.
Il raconte qu'il était là à cette soirée, qu'il a vu celle qui t'accuses à de nombreuses autres avant, cherchant ton attention, tes faveurs.
Que ce soir là n'était pas différent, qu'elle riait encore en sortant de la chambre.

Et puis on indique que les enregistrements ne correspondent pas, que les dates dans les preuves se contredisent.
Remise en cause de leur validité exigée.

On fouille son passé, on cherche les failles, et le jour du procès sa vie privée est déballée.
Regardez cette arriviste, observez comme elle se met en avant et semble prête à tout pour réussir.

C'est si facile ici de leur faire croire que le petit poisson a voulu s'attaquer aux plus gros.

En sortant du tribunal, tu souris aux caméras avec un salut chaleureux.
Tu clames une histoire de vengeance cruelle, de tentative de diffamation en soulevant la possibilité d'une éventuelle plainte en retour.

Tu sais pourtant au fond, que tu n'en auras pas besoin.
T'as été acquitté, c'est tout ce qui compte à tes yeux, et surtout aux leurs.
Les gens recommenceront à te défendre, à s'en foutre, et mieux, finiront bientôt par l'oublier.

Petite tâche sombre que tu caches sous le tapis.
Ta réputation est la plus importante, et si le juge va en son sens, ils recommenceront à la révérer.

*  *
*

Tu rentres à la maison familiale après des années.

Eirin a l'air d'être contente de te revoir, un peu.
Elle garde une lueur légèrement triste dans le regard, comme une déception qu'elle tenterait de masquer.

Pourtant elle ne dit rien. Elle te laisse très vite seul avec ton père.

Tu sais déjà ce qu'il va dire, ce qu'il veut te proposer, et t'y as réfléchis longuement pendant les mois de préparatifs de ton procès.
Son aide n'est pas gratuite, et c'est maintenant qu'il veut te la faire payer.

Il a commencé à investir dans cette colonie avant même ta naissance.
C'était bien pour surveiller ses affaires à lui, qu'il poussait tes anciens tournages à se dérouler là-haut.
Maintenant il commence à se faire un peu trop vieux pour continuer les allers-retours.

De toute façon il méprise plus que tout les colonies et ceux qui y grouillent.
Et peut-être qu'au fond, malgré ses mensonges, malgré les apparences que sa vie a voué à protéger.

Peut-être qu'il te voit toujours comme une vermine née dans ces bas-fonds.

Et peut-être que tu lui rappelles un peu trop lui-même.
Alors il t'a fait une nouvelle cage là-bas, là où il pourrait de nouveau te cacher. t'oublier.
Là où il considère être ta véritable place finalement.

Et t'as eu du temps pour y réfléchir depuis, et tu sais exactement ce que tu veux pour toi aujourd'hui.
T'as encore beaucoup d'affaire à régler dans l'espace depuis toutes ces années.

Alors t'as accepté.
La haine n'a jamais été distillée de sa moindre goutte, mais t'as accepté.

*  *
*

Il n'a fallu que deux semaines.
Deux semaines avant que la porte de chez toi ne cogne dans un bruit de colère et de furie. Tu ouvres lentement, et un tonnerre s'engouffre dans le salon. Ellie te surplombe de sa petite taille, te brûle d'un regard qui promet les enfers.

Elle te demande si c'est vrai, tu secoues la tête.
Une gifle te glace les veines.

Elle a écumé chaque site, article ou info' te concernant pour pister l'affaire.
Et maintenant, tu travailles avec papa.
Il n'y a pas de coïncidences, elle le sait, elle vous connait.

Elle hurle que tu la dégoûtes.

Que tu vaux pas mieux que lui, elle crache sur tout ce temps qu'elle a passé à vouloir faire quelque chose de toi,
que t'es qu'une putain de cause perdue.

Elle veut plus d'un père comme ça, mais plus du frère non plus.
Ses poings s'abattent sur tes bras, ton torse, les larmes débordent et lui cassent la voix.
T'as rien à lui dire, tu ne te souviens même plus des quelques phrases que t'as bafouillé entre ses cris pour tenter de te défendre, de toute façon elle n'a rien voulu entendre.

Ce jour-là, Ellie a fait la meilleure chose qu'elle pouvait faire pour elle-même.
En claquant la porte, elle a décidé enfin de tous vous abandonner.

Tu ne l'as plus revue depuis.

*  *
*

Il faut reconnaître que l'odeur n'est pas terrible. Un peu comme dans tes souvenirs.
Tout est plus étroit, et paraît plus sale que tout ce que tu as connu sur Terre, des différentes bulles où tu as voyagé.

Mais c'est un immense terrain de jeu vierge de toute son influence directe, que ton père t'a laissé là.
Il ne voit pas les informations des colonies comme digne d'intérêt. T'as le champs libre, dans ce qui est ta propre antenne que tu peux digérer. Un tout nouveau réseau à découvrir, à entretenir, à développer sous ta propre vision. T'as lâché tes contrats terriens pour devenir celui qui les rédige, de l'autre côté du pouvoir.

T'aimes pas plus l'endroit que lui.
Mais tu feras pas l'erreur qu'il a négligé, de penser que le pouvoir qu'on peut gagner ici a la valeur moindre attribuée aux colonies.

*  *
*

Tu pensais en apprendre plus sur toi.
Mais finalement, c'est encore et toujours plus sur lui que tu en comprends.

T'as enfin une preuve de ton existence quelque part.

Tout dossier sur ta naissance a été détruit, sur l'hospitalisation de ta génitrice, mais tu sais que t'es bien né ici.
Il suffit que d'une injection pour avoir son nom dans un registre oublié pour des années.
Cette preuve, t'en as mis autant pour la trouver.

Ton visage de marbre lorsque tu l'as lu.

Ton visage de marbre lorsque tu l'as brûlée.

*  *
*

Au fond, tu sais très bien que t'es parti là-haut aussi pour te rapprocher de ta sœur.
T'as jamais pu l'oublier, ses mots et son geste, elle et son absence qui te perce chaque jour le cœur.
Et pour une fois tu te hais toi-même.

Elle non plus, n'est plus retournée sur Terre.
C'est via ses réseaux sociaux que t'as appris qu'elle pilote enfin son propre vaisseau.

T'as commencé à scroller les photos, lire les statuts, observer les noms qui interagissent souvent avec elle.
Le lendemain, tu as fait la même chose. Le surlendemain aussi.
Chaque soir, allongé seul en cherchant le sommeil, tu la regardes.

Son grand sourire devant des paysages lunaires fait naître le tien.
Elle te manque ta petite Ellie, elle te manque à en crever.

Et tu ne peux plus que la regarder.

*  *
*

À la seconde où l'écran s'éteint sur le visage de ton père, le reflet du tien sur la surface noire sourit lentement.
Cette fois-ci t'as dépassé les bornes. Cette fois-ci t'as pété un plomb.

Quatre millions envolés enfumés, volés sans son accord.
Il arrive tout de suite qu'il a dit.

Mais toi t'es prêt pour ça.

T'as tout rassemblé. Tout ce petit plan qui a germé dans ton cerveau, tout est prêt.
Tout ce qu'il fallait pour l'accueillir.

Dès l'instant où Emmett reposera un pied sur cette colonie, il perdra tout ce qu'il a voulu construire.
C'est lui qui n'aura plus de choix, sinon accepter de signer.
Tu vas récupérer l'intégralité de ton héritage. Celui sur Terre, comme la propriété de celui qu'il t'a confié ici.

Ce dossier perdu dans cet hôpital n'a été que le premier cailloux blanc d'une longue piste poussièreuse que t'as suivi, traçant pour la première fois cette ombre que t'as tant cherché à fuir auparavant. Une piste poisseuse et glauque, tout un réseau à déterrer, compter les squelettes de ses placards t'a pris beaucoup de temps. Et t'as compris encore plus de choses au passage.

C'est probablement la dernière fois que tu reverras ton père.
S'il n'accepte pas de tout te léguer et disparaître, il pourra crever en prison.

C'est pour ça que t'as investi quatre millions dans une autre colonie.
Tu reprends en main l'héritage des Valentine.

*  *
*

Ton poing enfoncé dans sa gueule.

Ton poing qui s'enfonce encore un peu plus.
Ta rage qui hurle, qui écrase son visage, de merde,

de merde, DE MERDE !

écraser encore plus fort. son cartilage contre tes phalanges.
sa peau contre tes os.
ce bruit aussi écœurant que lui.

Tu sais plus quand t'as dérapé, tu sais plus ce qu'il te disait.
T'as pas eu le temps de lui dire grand chose.

Il y a eu ton poing en premier.

T'avais tout préparé, mais quand tu l'as revu, tout s'est soudainement effondré.
Revoir son visage c'était revoir toute cette haine.

Tu savais pourtant, qu'en cet instant, t'avais le pouvoir de lui voler tout ce qu'il lui reste.
Mais c'était pas suffisant.
Tu ne pourras jamais reprendre tout ce qu'il t'a volé.

Ta vie.

Et ton poing vient maintenant la récupérer.

*  *
*

...

*  *
*

Les cheveux plaqués sur ton front blanc de transpiration.
Ton front que tu cognes contre les barreaux froids de ton lit en métal.
Et si t'avais pas ton oreiller entre les dents, t'aurais pu te bouffer la langue et les lèvres à sang.

Ton corps réclame, et pourtant il vomit encore.

Jamais un sevrage t'auras semblé aussi rude, t'auras autant donné envie de crever.
T'as touché le fond Irvin, félicitations.

Maintenant tu ne peux plus que remonter.

*  *
*

... River..?

C'est revenu instinctivement.
Quand ton nom devient trop lourd à porter, quand tu cherches à t'en cacher.

C'est pas la première fois qu'on t'appelle comme ça.
Personne ne sait pourquoi, et tu ne l'expliqueras pas.
Mais on t'appelle comme ça maintenant, au sein des Nemesis.

Ta place parmi eux était une évidence.

*  *
*

Ton regard se pose distrait sur les décorations du bureau, remonte sur le directeur de la prison avant de le saluer avec courtoisie.

T'as sincèrement apprécié cet échange avec lui.
Depuis que t'es dans cette prison, t'as pas vraiment eu l'occasion d'échanger avec quelqu'un de raffiné.

Et il s'est avéré que vous vous êtes trouvés certains points communs de bon intérêt.

Ces derniers temps, l'atmosphère ici-bas est explosive, un coup de poignard pourrait guetter détenus comme gardes au moindre couloir.
C'est pas bon pour le business. C'est pas bon pour la sécurité.
Vous voulez tous les deux apaiser les tensions actuelles entre les gangs, mais ton chef actuel n'a pas cette vision-là des choses.

T'as juste des moyens un peu plus rapides que ceux du directeur de les règler.
Tout ce qu'il a à faire, c'est fermer les yeux, tourner la tête au bon moment.

Et t'es persuadé que votre entente pourrait au long terme aider à calmer et canaliser les prisonniers.

En tout cas, tu y veilleras.

T'as été élevé pour diriger Irvin, t'as grandi pour briller.
Même dans cette prison tu arracheras ta couronne pour la porter.

avatar
Ven 15 Juil - 11:26
Invité
Tu es validé !


Bon. River est un putain de monument, un salaud qui brise le coeur (à la lecture), un manipulateur parfait, bref, je suis totalement sous le charme ! Ca fait aussi super plaisir de voir ce rôle pris, ça va pouvoir faire des étincelles !

Ta cellule se trouve dans la zone 1 et ton camarade de cellule n'est autre Yerbolat-choupi-lepauvre-lemangepasc'estpasautorisé

Maintenant que tu es officiellement enfermé des nôtres, tu peux dés à présent réserver ton avatar. Tu seras, du reste, ajouté automatiquement à la liste des métiers. Une fois fait, tu peux faire une demande de lien ou une recherche rp afin de commencer l'aventure, et dans un même temps créer ton carnet de bord. Les intrigues sont à ta disposition si tu souhaites te pencher vers une quelconque enquête :)

Amuse-toi bien !

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River - éloge d'une ruine
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