Ghosts with heartbeats ▸ ft. Gabriel L2vo
An 2588. Nous sommes à Rikers Space Jail Processing, un centre d'incarcération spatial. Détenus, surveillants, médecins, employés ou même pilotes chargés des vaisseaux de sauvetage, vous séjournez dans la station la plus éloignée du monde terrestre et des colonies qui gravitent autour de la Terre. Mais sauriez-vous percer le secret qui plane sur la Sedna Corporation, l'entreprise à l'origine de Rikers ?
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Ghosts with heartbeats ▸ ft. Gabriel

Yerbolat Maulenov
Messages : 52
Matricule : M6-3025
Métier/Activité : Élevage
Dim 19 Mar - 21:33
Yerbolat Maulenov
Neutre
Ghosts

Sa langue profite d’un moment d’égarement pour passer sur le creux de son incisive cassée, le mystère irrésolu dont la réponse s'était perdue dans le gouffre médicamenteux de sa pré-adolescence s'invitant dans ses pensées. D'après le rapport de l'hôpital, ça datait d’avant sa chute de la fenêtre, celle qui avait laissé la cicatrice serpentant le long de son tibia jusqu’à son genou. Les souvenirs de cette nuit passée prostré tel une poupée désarticulée ont été rendu flou par les calmants, la douleur passée depuis longtemps, digérée, compartimentée comme une autre sur les étagères de sa mémoire, mais ces derniers temps elle réveille par procuration ce qu’il a vu, ce soir-là.

L’os blanc brillant presque sous la lumière écarlate.

Yerbolat presse étroitement ses paupières entre elles pour tenter de chasser l’image, tic nerveux s'étant invité parmi les autres depuis l’incident avec Jane. Pour être tout à fait honnête, c’était plutôt dans le bureau du psychologue qu’il devrait être assis, mais il ne l’aime pas trop; ou en tout cas beaucoup moins que le docteur sur lequel il rouvre ses grands yeux bleus, lui souriant comme s’il avait oublié où il se trouvait le temps d’un cillement.

Oui, il l’aime bien, Gabriel, beaucoup même; assez pour que, plus d’une fois, au moment de sentir un os craquer, une petite pensée se soit faufilée derrière la détresse et la douleur, une impatience étrange le prenant aux tripes au même moment que la certitude nauséeuse de s’être vraiment fait mal frappait.

Malheureusement pour lui, ni les bleus sur son menton et ses coudes ni la poussée fulgurante de fièvre qui l’avait pris après que l’hypothermie l’ait saisi lors de cette baignade forcée avait été raison suffisante pour lui rendre visite, pas alors que les vrais blessés avaient inondés la baie médicale. Alors, même s’il s’échinait à fuir tout ce qui risquait de charrier sa mémoire -à commencer par l’eau qu’il osait à peine de nouveau affronter- et que le réconfort arrivait avec un temps de retard, il n’avait pas rechigné au contrôle médical.

C’est tout ce qui l’y avait poussé. Pas la peur de quelconques lésions cérébrales laissées par la poussée de fièvre, ni le risque de surinfection de la bronchite responsable qu’il avait dû ramasser en attendant trempé jusqu’à l’os au milieu des autres détenus, non. Il voulait juste souffler, passer même un petit quart d’heure loin de l’angoisse qui lui collait à la peau depuis ce jour. Et pourtant le malaise subsiste, garde ses épaules tendues et sa tête basse. “C’est bien… ?” C’est demandé face au thermomètre avec toute l’appréhension d’un étudiant attendant les résultats d’un contrôle pour lequel il n’a pas étudié. Yerbolat est négligent ces derniers temps, il le sait et ça se voit: même si ses sourcils pâles lui ont toujours donné un air maladif, on ne peut pas dire qu’il ait bonne mine, et ce n’est pas juste faute à la maladie. Les médocs refilés on fait leur travail, mais lui n'a pas fait le sien: il touche à peine ses repas et saute les douches jusqu’au moment où son colocataire l’y envoie de force, se meut uniquement au rythme de son emploi du temps et passe son temps libre recroquevillé sur sa couche, un écouteur du lecteur musique "offert" par Kave West dans l’oreille pour noyer les images intrusives de cette nuit sous d’autres souvenirs. Il ignore son cœur qui oscille entre palpitation effrénée et léthargie, le grattement désagréable au fond de ses poumons lorsqu’il inspire profondément et ses côtes saillantes sous son t-shirt.

Sans parler du fait qu’il ne porte, comme s'ils n'en avaient pas déjà parlé, pas ses chaussures, ses pieds nus battant nerveusement sous la table d’examen en attendant le verdict, plus coupable que lors de son procès.

Hundreds of thousands of hospital beds, and all of them empty but mine.

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Jeu 30 Mar - 15:25
Invité
Gabriel entend son patient balbutier alors qu’il voit les chiffres sur le thermomètre. Yerbolat, que Gab appelle souvent Yerby parce qu’il lui rappelle une petite gerbille timide, est assis devant lui. Gab l’aime bien, ce petit bonhomme. Il est timide mais il a parfois les yeux qui brille comme un gamin. Il est pas le plus vaillant des prisonniers en terme de santé, mais il l’écoute. Le doc le sait, il se réfugierait bien dans son bureau plus souvent pour en passer moins à l’extérieur. Et vue sa santé, le Doc lui dirait pas non.

Fièvreux, pâlichon, maigrichon, et tous les trucs en chon qui donne envie de le couvrir de six couche de couettes avec un bouillon et une tototte pour l’aider à dormir. Ce gamin a pas sa place dans une cellule dans son état. Il pourrait le garder facilement dans l’aile médicale pour un moment, entre sa toux, sa fièvre et sa maigreur.

Il gratouille la tignasse blonde au dessus de la tête de Yerby d’un mouvement rassurant.

« Ah, j’vais pas t’mentir, niño, c’est pas top ! Mais c’est pour ça que j’suis là ! On va te ravigoter bout par bout ! »

Il lui sourit pour lui faire savoir que ça va aller. Il pose le thermomètre sur son bureau pour saisir le calepin de soin et… l’assiette de gâteaux qu’il avait fait le matin.

« Tiens, grignotes-en un le temps que je gribouille ! Y’a d’la confiture dans ceux-là, tu verras ! J'en suis assez fier ! »

Et pendant qu’il lui laissait l’assiette entière à côté de lui, il s’assit pour annoter la feuille de soin en papotant. Il évite d’enchainer les examens, mais il sait qu’il devra prendre le stéthoscope après ça. Autant laisser le patient se détendre un peu avant. Et puis, ça allonge la séance. Gab tapote sur son propre genou.

« Tiens, passe-moi un de tes petons, j’ai pas vu comment ils sont aujourd’hui. T’as l’air vraiment tout flagada, Yerbi, t’arrives à faire dodo ? »

Bien sûr, Gabriel se doute que c’est pas une mauvaise nuit qui mène à un tel état, mais il n’a pas vraiment besoin de poser une question pertinente. Une question, même banale, fait parler ses patients, et ça les aide à répondre et à parler plus ensuite. Il ne force jamais, les gars sont pas bêtes, ils savent qu’il est là pour les soigner, les aider, et qu’il garde leurs secrets dans sa caboche et nulle part ailleurs. Non, le plus compliqué c’est une fois qu’il sait ce qui cloche, comment aider avec les moyens du bord. Il a bien du matos, mais ses patients ne sont pas ici en vacances, et ça l’emmerde bien pour leur offrir les meilleurs dispositions pour se soigner.

Le peton de Yerbi est… bah, il est sale mais c’est pas important ça! Gab s’inquiète plus des traces de coupures et des petites plaies sur la plante des pieds.

« Niño, je vais t’offrir des chaussettes en pilous avec des grips en dessous, tu sais. On va t’en trouver des cools avec des flammes ou des jolies avec des bubulles, mais faut prendre soin de tes arpions, sinon t’auras les mêmes que moi ! Je veux pouvoir te chatouiller sans te faire mal ! »

Et pour lier le geste à la parole, il chatouilla un coin pas abimé du pied. Il rigola de sa blague et sa main resta posée sur le pied qui lui paraissait trop froid, son pouce frottant la cheville.

Yerbolat Maulenov
Messages : 52
Matricule : M6-3025
Métier/Activité : Élevage
Sam 1 Avr - 23:29
Yerbolat Maulenov
Neutre
Ghosts

Le geste décoince un couinement piégé dans sa gorge nouée, non dissimilaire au bruit canard en mousse que lui a donné Candelaria; mais dès que la surprise est passée, la tête pousse contre la grande main qui le laisse un peu plus ébouriffé qu’à son arrivée, cherche le contact trop vite parti à son goût. Caresse ou non, le résultat n’est pas resplendissant: Impossible de mentir face aux instruments, pas sous l'œil attentif du doc. Heureusement, il n’y a pas d'autres punitions que la honte mordant doucement ses joues pâles, amoindries par les encouragements et le sourire auquel il fait timidement écho. Oh, Yerbolat a l’habitude d’être sermonné quand il s’agit de sa santé, sa négligence n’a pas commencé ici, mais il apprécie que Gabriel reste toujours bienveillant; ça lui donne envie d’essayer un peu plus, même si les résultats ne sont pas toujours là.

Dans cet élan de motivation, même sans faim, ses doigts viennent chercher un biscuit sur l'assiette qu’il grignote distraitement, le réconfort d’une sucrerie attrait suffisant pour le pousser à se forcer. Et c’est bon, bien meilleur que tout ce qu’on leur sert au réfectoire, car ça a le goût de ce qui ne devrait pas être ici, un arôme d’interdit qui pourtant ne le presse pas à émietter plus vite le petit gâteau sec. Ici, il sait qu’il n’a pas à craindre les yeux de Jane, ni ce qu’on lui donne. Ce cabinet, c’est un peu une petite bulle hors du temps, en oxymore à tout ce qui trouve derrière ces murs.

Le blond s’exécute docilement, pas encore tout à fait ramené à la conversation par la question, les yeux perdus dans un coin de la pièce. Impossible de savoir s’il réfléchit ou s’il se trouve à des années lumières de la station, mais il finit par doucement faire oui-non de la tête, écarte la moitié de biscuit de sa bouche pour élaborer. “Dormir, ça va…” Une fatigue incommensurable le suit comme une ombre, alors l’inconscient n’a aucune peine à le prendre dès que sa tête touche sa couchette. “Mais… J’me réveille, tout le temps.” Perpétuellement arraché aux bras de morphée, le fantôme de l'alarme dans les tympans, sans aucun repère temporel pour lui dire si cela faisait une minute ou trois heures qu’il dormait. “Tout le temps.” Une fois, deux fois, trois fois par nuit, voir plus: la dernière sans interruption datait des tréfonds de sa bronchite, un sommeil sans rêve quasi comateux. “Tout le temps.” Yerbolat se perd dans sa boucle, juste évoquer le sujet suffit à lui faire se frotter les yeux pour essayer de chasser la lourdeur qui s’accroche à ses paupières. Il commence à s’habituer à ces sursauts, mais pas à la fatigue qui s’accumule, déborde dans la façon dont sa voix se fait gémissement excédé à force de répétition.

Le soupir tremblotant qui menace de se muer en sanglot n’est chassé que par un élan de contrariété venant éclipser la fatigue, et même si sa grimace est renversée par les doigts traîtres du docteur qui le font se contorsionner en glapissant pour tenter d’échapper à la torture, son avis sur la question reste inchangé. “J’en veux pas.” proteste-t-il quand bien même sa cheville demeure en possession de son tortionnaire, franchise idiote aux airs de défiance, le rire laissant les traces d'un sourire sur son visage fatigué. C’est une guerre qu’a dû mener sa tutrice tous les jours de sa vie d’homme libre, et elle n’avait réussi qu’à le forcer à en porter à l'extérieur: et ici, il n’y avait pas de dehors, alors il n’avait aucune raison de se faire subir un calvaire supplémentaire. “Et puis, ça m'embêterait pas.” Il se rassoit convenablement pour fini le biscuit oublié, lèche les miettes sur son pouce qu'il garde là, contre la commissure de ses lèvres, avant de reprendre, enfin. “Ils sont cool, les tiens.”

Il a le bénéfice de la candeur, celle de ne pas savoir assez sur le sujet, d’ignorer toutes les galères liées aux prothèses. A ses yeux, dans ce pire scénario possible, tout le monde serait content: lui n’aurait plus jamais à sentir la sensation d’une chaussette sur ses pieds et Gabriel n'aurait plus à se soucier qu’il se chope une infection. Même si la fraîcheur du sol lui manquerait, et plus étrangement, la douleur: le genre dans lequel trouver du réconfort, vite oubliée mais sur laquelle se concentrer lorsqu’il lui fallait quelque chose, n’importe quoi pour ne pas penser, comme arracher la peau morte de ses lèvres ou triturer une croûte à peine cicatrisée. Un mauvais échappatoire au stress, mais de loin pas le pire parmi les détenus.“Ça m'embête pas non plus, que ça fasse mal.” Egal égal égal, tout finissait par être supportable, tant qu'il s'y habituait. “Je me fâcherais pas.”

Hundreds of thousands of hospital beds, and all of them empty but mine.

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