An 2588. Nous sommes à Rikers Space Jail Processing, un centre d'incarcération spatial. Détenus, surveillants, médecins, employés ou même pilotes chargés des vaisseaux de sauvetage, vous séjournez dans la station la plus éloignée du monde terrestre et des colonies qui gravitent autour de la Terre. Mais sauriez-vous percer le secret qui plane sur la Sedna Corporation, l'entreprise à l'origine de Rikers ?
L’infirmerie du secteur 1 était plutôt rudimentaire. Pour sûr, ça ne valait pas les machines du centre hospitalier, mais au moins, ici, il y avait cet aspect humain à ne pas négliger. Un grand bureau, proche de la salle d’auscultation, et plus loin une pièce pour accueillir quelques lits. Le tout sous l’œil avisé de caméras comme dans n’importe quel secteur, de Jane toujours là pour surveiller. Bien sûr, elle savait où diriger sa petite lumière. Et si, logiquement, on l’aurait cru concentrée du côté des détenus, voilà plusieurs jours que sa lunette noire se fixait dans le bureau du personnel médical. Aussi discrète soit-elle, le médecin généraliste des lieux s’était certainement senti observé.
Une coïncidence, sans doute. À moins qu’il ne s’agisse d’autre chose ? Commençant par un bruit dans les conduits d’aération, continuant sur des ombres se faufilant entre les pieds de meubles et le long des murs métallisés. Une présence secrète pour combler les longues journées du médecin, certainement loin de se douter que deux grands yeux le fixaient.
Un soir, avec pour seule lumière la lampe de bureau sur lequel l’employé était penché, ils s’étaient mis à briller plus fort. Puis d’un petit bruit aigu, la créature avait enfin manifesté son intérêt. L’endroit était vide pourtant. En cette fin de journée, il n’y aurait dû y avoir personne, et même dans cette station, jamais il n’aurait été possible d’imaginer la présence… de ce chat.
Pelage tigré, rouquin au museau rosé, l’animal s’avança de quelques pas vers le cercle de luminosité pour réclamer de l'attention. Ses immenses billes vertes observèrent l’homme avec un mélange d’effroi et de réclamation propre à son espèce, trop maigre pour ne pas montrer sa faim. Depuis combien de temps était-il enfermé dans le secteur ? Sinon dans les environs séparés des cuisines par des portes blindées ? Personne n’avait remarqué sa présence auparavant, tout du moins, personne n’avait eu le droit de l’amener jusqu’ici. À Rikers, les animaux étaient interdits.
C’est donc à une distance raisonnable du docteur Leroy, prêt à s’enfuir si sa tentative d’approche s’avérait trop dangereuse, que le félin fit de nouveau résonner une interpellation incertaine.
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