feat. OC inconnu.
Visage : Une gueule d’ange pleine d’insolence qu’on s’attendrait plutôt à trouver sur la jaquette d’un Boys Band. Mâchoire carrée et assurée, nez un peu court mais pas moins impertinent, pommettes et menton fiers, lèvres pleines et railleuses ; bref, l’archétype de l’Américain très content de lui.
Cheveux : Dans le cas de Sulvan, on ne parle pas de cheveux, mais de huitième merveille du monde. Ils sont aussi blonds et soyeux qu’au jour de sa naissance, toujours coiffés au millimètre près, et il y a un enfer conçu tout particulièrement pour quiconque se hasarderait à en approcher sa main pleine de doigts.
Musculature : Déliée et profonde comme celle d’un danseur dans l’ensemble. Le bonhomme n’est pas du genre à rouler des mécaniques, alors on ne devine pas tout de suite que son cou et son thorax ont été épaissis par des années de boxe américaine. En fait, il ne donne pas du tout l’impression d’être imposant et il se fond derrière des dos plus larges que le sien avec la sveltesse d’une ballerine. Il aime ça, passer pour une aiguille – celle qui crève les grandes baudruches ou glisse douloureusement sous les ongles.
Allure générale : Sulvan est d’un abord très avenant. Il a le contact facile, sourit volontiers à ses interlocuteurs, occupe l’espace avec l’aisance des types arrogants qui considèrent leur simple existence comme un don du Ciel. Il sait ce que signifie avoir des manières et en joue quand la situation et son humeur s’y prêtent. Bien entendu, plus personne ne s’y trompe, et même les nouveaux ne tardent pas à apprendre que ses paroles insinuantes et son amabilité curieusement intrusive ont tout du traquenard. Malheureusement, il se laisse difficilement ignorer : il a en toutes circonstances l’aplomb d’une Mariah Carey en body pailleté sur son canapé et la superbe d’une Miranda Priestly sur le point de jeter votre style à la poubelle.
Détails sur la tenue : C’est une diva. Il paraît que la sobriété est de mise dans une prison – dites ça aux courges butternut qui leur servent de détenus –, mais avec lui, la chemise la plus ordinaire semblerait tout droit sortie de la maison Dior. Quoiqu’il ne puisse pas toujours se montrer extravagant, il a un œil d’esthète et ajuste chaque jour sa tenue comme s’il s’apprêtait à rencontrer son pire ennemi. Sans surprise, les couloirs de Rikers ne sont rien de moins que son catwalk personnel.
Signes distinctifs : Il porte souvent des lunettes teintées et prend soin de son apparence comme si chaque jour était le dernier.
Autres : Il a les oreilles décollées… mais pas autant que les rétines de ceux qui ont osé lui en faire la remarque.
« Oh, c’est sûr que Sulvan n’a pas été le garçon le plus facile qui soit. Il est né dix ans après ses deux frères, Adrian et Harper, et il a vite compris qu’il pourrait se décharger sur eux de toute responsabilité. Le plus étonnant, c’est qu’ils s’aiment beaucoup, tous les trois. Adrian surtout a presque l’air de chérir la chance que Sulvan s’est donné d’échapper à l’enfer gestionnaire des entreprises familiales. Certains disent que c’est pour avoir une plus grosse part du gâteau, mais je connais mes fils, et même Sulvan est assez vieux jeu quand il s’agit de la famille. Il nous a donné beaucoup de cheveux blancs, à mon mari et moi, et Roy est si têtu dès qu’il est question de son petit dernier, mais c’est comme si rien ne pouvait nous briser. Et, quoi qu’on en dise, cette stabilité a dû être assez perturbante pour Sulvan, un peu dangereuse aussi : s’apercevoir qu’il pouvait ébranler, casser, puis revenir la bouche en cœur comme si rien ne s’était passé... Il a fini par éprouver toutes ses relations de cette façon-là, quitte à saboter prématurément de belles histoires. Mais avec nous, ça marche à chaque fois. On a toujours été là pour lui. Son envoi à la prison de Rikers n’y changera rien, si vous voulez mon avis, surtout qu’il y a un cousin et qu’il s’arrangera pour reconstruire son petit royaume là-bas. Son père lui a signifié qu’il avait dépassé les bornes, et après ? Cela méritait-il de le jeter dans la fosse aux lions ? Il devrait plutôt admettre qu’il ne pourra pas compter sur lui pour ses projets. Sulvan n’en a jamais fait qu’à sa tête. »
Mme Breeze, toujours un peu complaisante quand il s’agit de son benjamin.
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« C’est bizarre, quand même. On est sûr qu’il a pas plutôt fait une merde qui lui vaudrait d’atterrir
derrière les barreaux si ça s’savait… au lieu d’nous casser les couilles à longueur de journée ? Doit y avoir un truc à creuser.
— Genre ta propre tombe ? Fais gaffe, Billy. La dernière fois qu’un couillon s’est amusé à faire des hypothèses trop chiadées sur cette face de cul épilé, ça a pissé dans les douches pendant trois jours. Et quand j’dis qu’ça a pissé, j’parle évidemment pas du jus d’navet qui t’remplit la vessie. »
Herb’ et Billy, deux détenus préposés à la buanderie.
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« C’est sacrément idiot, quand même, de s’être enterré à Rikers. Il n'a pas encore fini avec un couteau entre les reins ? Étonnant. Sulvan a figuré parmi les mannequins en vogue aux États-Unis pendant deux ans, il avait déjà prêté son image aux plus grands couturiers et il n’était pas rare de voir sa carrure longiligne et son air impertinent sur nos panneaux publicitaires. Vous saviez qu’il s’apprêtait à participer à une émission de téléréalité ? Il aspirait à devenir une personnalité médiatique et à obtenir toujours plus d’influence, mais en dehors de la sphère pharmaceutique de papa. Apparaître sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux, ce n’était pas assez, il voulait plus, et il était doué pour ça : il savait exactement comment séduire la majorité grégaire et se faire détester de la minorité pensante. »
Rebecca Coleman, son ancienne agente.
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« Tu savais qu’le dirlo c’était son cousin ?
— Quoi ? J’pensais qu’il était juste passé sous l’bureau pour avoir son job, moi.
— Ben ça explique tout, en vrai. Il a sa piaule pour lui tout seul et j’serais pas étonné d’apprendre qu’il a une demi-heure d’eau chaude au lieu des vingt minutes réglementaires.
— Ah, ça m’fout les boules, mon vieux, ça m’fout les boules. »
Nacio et Stanley, entre deux dépeçages de lapins.
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« Et sinon, il a d’autres passions dans la vie, à part faire chier l’monde ?
— Sa gueule.
— Son cul.
— Sa queue.
— Morty raconte qu’il a déjà aperçu un appareil photo chez lui.
— La ferme, Bart. »
Des commères au détour des cuisines.
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« Paraît qu’il était entretenu par une femme plus âgée qu’lui, sur Terre.
— Ouais, on appelle ça une daronne, Billy.
— Me prends pas pour un con, Herb’, tu sais très bien de quoi j’veux parler. »
Toujours Herb et Billy.
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« Ah, j’l’aime bien, mon p’tit Suly, mais qu’est-ce qu’y peut m’faire suer des fois. C’matin, il a passé un putain d’quart d’heure à m’faire arranger les plis d’ma combi. T’y crois, toi ? J’passe ma journée assis à miner derrière des putains d’lunettes et lui s’prend pour une fashionista. Bon, et après, il m’a parlé d’ma p’tite fille qui m’attend sur C13, comme s’il était d’la famille, tu vois. C’est là qu’j’ferme ma gueule. Toujours. J’sais bien que j’devrais pas et qu’c’est pas sain tout ça, mais voilà, il fait c’qu’il faut, Suly, et dans un an j’suis sorti d’affaires. »
Gene Biby, le meilleur de ses bonhommes au minage.
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« Et comment on sait ça, qu’le dirlo c’est son cousin ?
— Les Orange Walkers, j’crois, mais j’suis pas sûr. Une sale histoire à mon avis. Un type a dû les solliciter pour fouiner un peu et s'donner d’quoi refroidir Sulvan, et à la place ils ont découvert c’truc-là qui nous met encore plus dans la panade.
— Tu veux dire qu’c’est pas lui qui l’a crié sur tous les toits ? Genre, Sulvan, qui abuse de son pouvoir pour un oui ou pour un non ? Comment c’est possible ?
— Aucune idée. C’est vrai qu’c’est bizarre. Et j’ai pas l’impression qu’ça l’ait enchanté, qu’ça s’sache comme ça. Il en parle jamais, d’ailleurs. Il te dit tu vas m’sucer la queue parce que je sais ça sur toi et qu’tu voudrais pas qu’ça s’ébruite une fois sorti d’ici, pas tu vas m’sucer la queue parce que l’dirlo c’est mon cousin.
— Il t’a vraiment demandé de lui sucer la queue ?
— C’était une métaphore, peau d’con. »
Nacio et Stanley, en train de vous préparer un bon civet.
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« Il savait faire la fête, Sulvan. Ou plutôt il savait les organiser. Parce que pour monter sur la table, y avait du monde, mais pour rouler dessous, plus personne. J’le connais, moi. Il buvait pas une goutte d’alcool même s’il se donnait l’air d’en écouler des caisses, il reniflait pas un pet de coke. Il détestait la clope aussi. Pareil, tu lui proposais d’baiser sans capote, même pour rire, il te collait un gnon et te virait d’chez lui. Un putain d’ovni. Du genre super prudent derrière ses airs éclatés. Imagine il a l’alcool mauvais ? Ou alors c’est juste pour préserver sa peau d’bébé. Va savoir. Bon, torché ou pas, ça l’empêchait pas d’gueuler plus fort que nous tous. »
Larry, un « pote » terrien qui ne lui manque pas vraiment.
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« OK, mais on sait pourquoi il a atterri ici, au juste ?
— Y a qu’des rumeurs.
— Du genre ?
— Apparemment son daron pouvait plus l’blairer.
— Ah, j'peux pas lui jeter la pierre...
— Il devait reprendre l’une de ses filiales aux Etats-Unis au lieu d’se désaper devant l’objectif mais il voulait pas.
— Pauvre chou.
— À la place, paraît qu’il ratait pas une occasion d’dilapider la fortune familiale. On raconte qu’il était fiancé, aussi, avec une riche héritière du coin, mais il aurait tout fait capoter.
— Ben voyons. Comment ?
— Y a plusieurs versions. La plus soft, c’est qu’il était mordu d’quelqu’un d’autre et qu’il a gentiment expliqué à sa zouze que ça n’allait pas être possible.
— Gentiment… ?
— J’ai dit la plus soft, pas la plus crédible. Ma préférée, c’est celle du deuxième mariage de son frère.
— Ouais ?
— Ouais. Un vrai maître du sabotage, dans celle-là. Y avait combien de chances pour qu’il se fasse gauler en train d’se taper l’oncle de sa belle-sœur alors qu’on l’cherchait pour qu’il bave son p’tit discours ?
— Ah, monsieur est géronto avec ça. Mais attends, ça l’dérange pas qu’on raconte tout ça sur lui ?
— Tu rigoles ? Ce mec est né avant la honte. »
Nacio et Stanley, en vous regardant bouffer leur civet.