Star Boy | Toni Vasquez (edit)

Toni, c’est une bouffée d’oxygène, un oiseau que l’on peine à maintenir dans une cage. C’est plus gros que lui, ce besoin vital de liberté. Il rayonne au point où c’est difficilement supportable et même ses malheurs semblent plus lourds dans l’air ambiant. Toni, c’est un homme dont les émotions débordent irrémédiablement sur les épaules d’autrui. Il est solaire, il est l’orage tout à la fois. D’un extrême à un autre, il ne semble pas connaitre un juste milieu. Pour lui, la normalité c’est un bonheur excessif ou bien, une profonde tristesse. Il vit mal la prison, et ça, c’est peu de le dire. Il fait partie de ces personnes qui ne sont pas fait pour vivre entre quatre murs ou, en tout cas, que ça affecte profondément. Alors parfois ça lui prend comme une dépression fulgurante, il traine les pieds et parait porter tous les malheurs du monde. Puis, après un temps plus ou moins long, il reviendra tout sourire comme si rien n’était arrivé. L’univers lui-même sera plus beau pendant qu’il portera le plus beau sourire qu’on peut difficilement imaginer porté par un prisonnier. On raconte que l’enfermement lui a déréglé un truc et quelque part, ce n’est pas si faux. Le trouble était déjà là avant, Toni évoluant entre deux plans d’existence, son jour et sa nuit intriquées. Mais la prison aura aggravé ses symptômes et depuis un moment maintenant, il se trouve suivi pour sa bipolarité. Elle ne fait pas tout de lui mais la maladie a façonné sa personnalité d’une manière qui est devenue visible, à force. Une maladie que Toni n’est pas encore capable de reconnaitre, considérant qu’il n’a pas besoin de ses traitements et que ce dont il a vraiment besoin, c’est de croquer la vie à pleine dents.
edit: Amnésique partiellement, il est beaucoup plus "mou" et posé qu'avant. Il commence à prendre ses traitements, même s'il est régulièrement pris de vomissements, sans savoir pourquoi.

Dans la lumière du projecteur défaillant, le garçon s’exprime à plein poumons, les bras ouverts, il remercie ses fans, sa mère – sans qui rien n’aurait été possible –, Teddy son fidèle mécano et Thunder X 3000 le magnifique rover spatial qui l’aura mené à la victoire. Il exulte sa joie bruyamment pour couvrir les applaudissements de la foule qui s’est déplacée depuis toutes les Colonies et même depuis la Terre.

― Mais il va la fermer oui !

La voix sort du hublot plusieurs mètre plus hauts, ce n’est pas la première fois et il faut utiliser les grands moyens pour faire fuir l’indésirable. C’est comme ça qu’un épais sac poubelles vient s’écraser aux pieds de Toni qui a tout juste le temps de faire un bond vers l’arrière avant de lever ses majeurs. Il les pointe comme s’ils pouvaient lancer des lasers sur le type qui ne voulait que du calme. La lueur du projecteur vacille, et le garçon contourne les déchets pour mieux retracer la multitude de spectateurs dessinés à la craie sur la paroi de métal. Peu nombreux sont ceux à connaitre son endroit secret, pour peu qu’on considère ce trou comme un trésor. Toni a pourtant une boite avec des dessins, des ‘‘photos’’ faites au crayon où le garçon représente tout ce qu’il voudrait voir. Dedans, il y a mamá qui sourit, des gros vaisseaux qui vont très vite, des filles avec des gros seins, des trophées soulevés devant une foule en délire et à côté, il y a des pins divers, quelques boulons qu’il trouvait jolis et des lunettes trop grosses pour lui. Toni a quelques amis, mais il se bat souvent avec eux, quand ce n’est pas pour eux. Mamá soupire quand il rentre tout en vrac comme souvent. Elle essuie les joues du petit crasseux qui essaye de fuir sa poigne.

― Tu vas me tuer d’inquiétude un jour !

C’est pas papa qui s’inquièterait. C’est quoi un père ? Ça se mange ?  En tout cas, ça ne manque pas à Toni, il en a pas besoin. Mamá fait déjà tout pour lui, c’est une ouvrière qui se casse le dos à l’ouvrage mais qui trouve le temps d’être là, elle fait ce qu’elle peut. Déjà, elle déplore ses rêves trop fous, ses sorties déraisonnées. Toni n’écoute pas à l’école, il a la tête dans les étoiles et le cœur prêt à les rejoindre. Les yeux brillants, il colle son nez aux vitres qui donnent sur le vide spatial. Plus d’une fois, il manque de mourir à force de trainer non loin des sas de décompression. Très vite, trop tôt, il traine dans les spatioports et les garages, il suffit qu’on lui demande de tenir une caisse à outils pour qu’il rayonne. Toni observe, Toni apprend et Mamá espère au moins qu’il finira sagement mécano, c’est un travail utile et qui n’est pas dangereux. Mais le jeune a d’autres idées en tête, il commence à trainer avec des personnes peu fréquentables, certains ont leurs propres vaisseaux et c’est sur le tas qu’il fait ses premières armes, en empruntant la machine d’un pote. Dès la première fois, c’est le coup de foudre. Alors, quand il se retrouve à assister à des courses illégales, Toni sait que c’est ce qu’il veut faire. Si officiellement, il est apprenti chez un garagiste, il récupère et modifie des vaisseaux volés par ses copains. Le but, les rendre méconnaissable mais aussi tripatouiller les moteurs pour qu’ils fonctionnent à leur maximum. Il ne s’en rend pas compte, Toni ne pense pas une seule seconde au fait que tout pourrait lui péter entre les doigts, il joue à l’apprenti sorcier et ça lui plait. Il n’attend que le moment de briller, les meilleures courses, c’est celles qui se passent dans les zones interdites d’accès.  

― Plus vite ! Vamos !

Les garçons courent dans la foule pour échapper aux autorités. Vitale s’est fait remarquer alors qu’il est recherché, il a un casier et à cause de lui, les autres pourraient tomber. Ils sont tous dans le même bateau maintenant. Après une course-poursuite de bien une heure, ils se retrouvent dans leur planque, certains d’avoir échappé aux autorités, là, ils rient en ouvrant quelques bières. C’est comme si le danger s’était envolé, qu’il n’avait jamais réellement existé. Ils discutent déjà de la prochaine course à laquelle Toni compte bien participer.

― C’est du poids lourd, t’as jamais piloté ça j’me trompe ?

Mais Toni n’en a rien à faire, c’est pas l’inexpérience qui lui fait peur. Ce qui l’ennui, c’est le fait de ne pas avoir accès à un tel vaisseau. Mais Amos a le bras long, il a un tuyau à filer à l’homme, une combine pour accéder à l’une de ces machines dans un hangar. Il connait quelqu’un et ce quelqu’un pourrait laisser trainer les codes d’accès. L’occasion est trop belle, Toni ne réfléchit pas, il ne réfléchit pas souvent de toute manière. Le jour venu, il se trouve présent et prêt. Il passe entre les ouvriers en se faisant discret, la carte se trouve là où c’était prévu et il grimpe dans la navette qui sert normalement au transport des personnes. C’est plus massif que ce qu’il pilote d’ordinaire mais il parvient à décoller. Seulement, il n’a pas le temps de quitter le hangar qu’on signale le vol. Mierda, ces saloperies sont surveillées. Mais pour Toni, c’est hors de question qu’il se fasse attraper et il s’engage dans le couloir spatial, les autorités sur ses talons.
N’importe qui aurait pu prédire ce qu’il allait se passer.
Toni ne maitrisait absolument pas ce genre d’appareil, il risquait de s’écraser contre la station à tout moment. Et il n’était pas le seul à voler dans la zone où il se trouvait ce jour-là. L’espace embouteillé, c’est de plein fouet qu’il heurta une autre navette de transport. Il se souvient du bruit, des alarmes, des lumières qui clignotent de partout avant de perdre connaissance.
Il aurait pu mourir ce jour-là.
Il aurait dû mourir ce jour-là.

Les menottes aux poignets, Toni comprend la colère des proches de ceux qui ont perdus la vie dans l’accident. L’autre vaisseau n’a pas été aussi chanceux que lui, le choc aura provoqué un disfonctionnement au sein du dispositif d’oxygène. Le reste … ce qui devait arriver était survenu. Les accusations tombent les unes après les autres, Toni ne réalise pas encore. Il ne réalise toujours pas alors qu’on l’envoie dans cette prison au bout de tout. Et quand il se retrouve dans sa cellule et que ses journées répondent aux horaires de l’autorité, c’est là que Toni comprend.

Il aurait voulu mourir ce jour-là.


― Vasquez, à ton tour.

En silence, il entre dans la pièce étriquée où il pourra enregistrer son message. Mamá ne rate aucun rendez-vous et il se demande si elle ne garde pas ses messages dans son coin, ça serait bien son genre. Déjà, il sourit, il sait ce qu’il va dire mais il sait surtout ce dont il ne parlera pas. Il ne dira pas que sous ses vêtements, sont cousues des poches secrètes pour faire passer des objets pour le gang. Il n’abordera pas ce sujet non plus, Toni est trop fier pour assumer ce qu’il a dû faire pour y entrer, pas assez pour avoir laissé passer la chance d’avoir un minimum de protection. En revanche, il dira qu’il va bien, ça il sait faire, qu’il mange correctement et qu’il a lu un livre sympa dernièrement. Il a le temps de faire de l’exercice, c’est bon pour lui, Mamá l’a toujours trouvé trop maigre. Il ne demandera pas si elle a des nouvelles de ses copains, il ne veut pas savoir, il ne veut pas penser à eux, dehors, pendant que lui se trouve là. Il ne veut pas penser à sa vie qui lui manque, celle qu’il retrouvera, il ne sait pas encore comment.
Mais il fera en sorte que ça arrive.

edit :
Il a fricoté avec la mauvaise personne. Oui il sait qu'il a merdé. ça allait pourtant pour le mieux malgré la situation. Il avait apprit des choses sur la prise d'otage, il avait avancé sa maquette ... et il avait fallu qu'il foire tout, avec Stab. Les répercussions n'ont pas trainé. Jamais il n'aurait imaginé que ça puisse être aussi doux. Violent.
Forcé d'avaler les cachets qu'il n'a jamais voulu prendre, il a fait une overdose. Et le voilà parti dans le comas durant plusieurs longs mois.
Inconscient des changements, sur lui, dans la prison, il se réveille à moitié amnésique. Il sait qu'il est en prison mais ne sait plus qui il a fréquenté. Comment. Pourquoi. Et surtout, il est persuadé d'avoir fait une overdose par lui-même, dans un accès de folie.

Presque mort, puis relevé.
Est-ce que cela fait de lui un nouvel homme ?