navel ; combien de bruit encore avant l'acouphène

Prénom & Nom: Navel Jr Goodwin, et c’est ironique, vraiment.

Âge: il a dépassé la trentaine et le quart de siècle depuis un moment ; 31 ans, souffle-t-il sur ses bougies.

Taille: on le traite de poireau, parfois, et ils ont raison ; un mètre soixante-dix-neuf, tout en hauteur.

Poids: à croire que son poids n’est dû qu’à l’acier qui court dans son corps ; soixante-dix kilos, plus ou moins.

Couleur des yeux: il y a celui qu’il montre et qui vous rappelle les champs d’herbes qui viennent d’être tondus ; et celui qu’il cache, celui qu’il ne laisse entrevoir qu’à ceux qui ont su attiser sa curiosité – ou sa colère ; une lune rouge comme le sang, comme la passion.

Lieu de naissance: il fait partie de ceux qui ont dû partir, ceux qui ont dû faire leurs adieux à leur terre mère ; la colonie, pâle copie survivante pour les hommes, telle est sa maison.

Origines: du sang américain coulerait dans ses veines ; s’échapperait de ses lèvres, de ses mots, un accent du sud, que certains disent.

Situation familiale: une mère adoptive, veuve, qui s’est occupée de lui tant bien que mal.

Métier: médecin cybernétique ; il préfère toucher aux fils remplis d’huiles ou aux nerfs qu’aux veines qui suintent de sang.

Années de contrat: une petite dizaine, titré son contrat.

Années effectuées: il n’a pas compté les mois, mais cela doit déjà bien faire un an ou deux qu’il est là.

Visage: un visage fin ; des yeux en amandes ; des pommettes un peu haute ; des lèvres un peu fine – et une peau blanche, peut-être un peu trop.

Cheveux: il a décidé de les laisser pousser ; de les teindre en ce vert étrange qui n’est pas tout à fait clair ni foncé, un entre-deux qu’il a testé en mélangeant plusieurs couleurs. Autrement, il est brun foncé.

Musculature: aucune musculature vraiment apparente, et pourtant les muscles sont légèrement présents – tout en finesse et en longueur.

Allure générale: il se tient droit ; il se tient grave, le visage toujours sérieux et la tête toujours levée – on lui a appris à ne pas avoir honte de ce qu’il était, à être fier.

Détails sur la tenue: il aime revêtir une blouse blanche quand il travaille – avoir l’air d’un vrai médecin comme à l’époque ; il dit faire honneur à la Terre (il s’en fiche bien).

Signes distinctifs: mis à part ses cheveux qui lui cache une partie de son visage ; ses semi-gants au niveau des mains, aucun.

Autres: il a des cicatrices juste au-dessus de sa prothèse du bras gauche ; qu’il déteste plus que tout, mais hey – au moins il a un bras.

Qualités: patient – consciencieux – sérieux – charmant – calme.

Défauts: rancunier – méfiant – calculateur – orgueilleux – solitaire.

Orientation sexuelle: s’il le savait, tiens.

Comment gère-t-il l’hostilité ? il ne gère pas ; il la règle de ses propres mains si ça devient physique. Le respect, c’est dans les deux sens.

Que pense-t-il de l'écart de privilèges entre les colonies et les Terriens? c’est la vie ma pauvre Lucette.

Quel est son plus grand rêve? tant qu’il peut vivre tranquillement, il n’en a pas.

Quel est son pire cauchemar? réellement ? revoir cette mode infernale qu’était les gyaru au Japon. Oui il reste des sources. Non ce n’est pas beau à voir.

Pourquoi travailler à Rikers? il a pris du travail là où il y en avait ; l’argent c’est l’argent.

Description générale:
Il y a des mots qu’on ne dit pas ; des murmures qui se perdent ; des susurres qui se mélangent.
Il y a des émotions qu’on ne cache pas ; les yeux pétillants ; de fureur, peut-être. De bonheur, sûrement pas. D’impatience, certainement.
Il y a des vagues qui s’échouent sur la jetée ; et les rochers qui s’abiment au fil de temps. Il est dur, Navel – il s’est forgé au grès du vent et du sable ; au grès de l’espace qui le voulait bien. Il s’est forgé et son caractère s’est perdu dans l’immensité de l’espace alors qu’il hurlait contre le monde ; contre la vie.
Mais personne ne l’entend, Navel ; seul dans les étoiles, toujours à la dérive depuis sa naissance ; sa rage a faim ; elle quémande un sacrifice.
Alors Navel est venu ; a appris à attendre ; le bon moment, l’instant propice ; Navel a appris à savoir se faire beau ; attirant. A savoir combler les cœurs ; les corps ; réparer. Navel a appris à vivre, étrangement ; toujours un but en tête, toujours quelque chose à faire.
A ne pas vouloir se sentir vide ; comme l’espace ; comme l’océan qu’il n’a jamais vu.
Navel a appris à apprécier le métal ; froid et intouchable ; rassurant ; immuable.
Navel a appris à trahir ; beau modèle que voilà dans son enfance – la confiance ; la faiblesse. L’amour ; une fugacité inutile. Le bonheur ; étrangeté que voilà.
Ou alors peut-être l’est-ce quand il regarde la Terre de tout là-haut ; celle qui n’existe plus ; celle qui est déjà morte. Quel dommage, dit-il.
Qu’est-ce qu’on s’en fout, pense-t-il réellement.

L’espace – ce grand vide étrange et éternel. Les étoiles au-dessus de sa tête ; Navel rêve.
D’une vie meilleure ; d’avoir des parents, des vrais ; de ne pas avoir perdu cet œil lors d’une bagarre d’enfant et d’en avoir deux, comme tout le monde ; d’avoir fait les bonnes rencontres.
Navel rêve, enfant ; d’être comme les autres, d’avoir des amis, de savoir s’exprimer. De pouvoir être populaire ; que les filles viennent lui parler en rougissant, à lui aussi.
Neval rêve, adolescent ; que sa mère adoptive travaille moins, d’arrêter de se faire martyriser à cause de son œil manquant, de connaître l’amour, de connaître le corps des filles devenues femmes.
Navel rêve, adulte ; et Navel s’écroule.
Sa mère l’emmène, « c’est dangereux, maintenant », qu’elle lui murmure. « on doit se cacher, partir », continue-t-elle, sans cesse. Et il la suit ; parce qu’il ne possède rien d’autre qu’elle, que ce ne sont pas ses petits boulots dans la banlieue de la colonie qui peuvent les aider.
Alors ils partent ; ils traversent la ville, parfois, pour repasser dans une autre banlieue, de l’autre côté. Ils partent et n’ont qu’un sac à dos comme souvenir de leur vie d’avant ; ils partent et Navel l’ignore encore ; sa mère mourra pour ça.  
Elle l’emmène dans un endroit étrange, trop sombre dehors ; trop colorés dedans.
Il aura droit à un nouvel œil, ici. Fait de métal et de fil froid ; une pupille rouge, parce qu’on ne lui a pas demandé son avis ; parce qu’ils s’en fichaient. Parce qu’il voulait juste retrouver une vision complète.
Un nouvel œil que sa mère lui offrira au prix de sa vie ; s’allier avec les mauvaises personnes n’est jamais une bonne chose. Surtout quand on est une femme. Et que ce n’est pas pour soi.
Sa mère mourra ; il perdra un bras en essayant de la sauver.
En quelques années, Navel ne rêve plus ; Navel hurle. Hurle de la douleur de ce nouveau bras qui s’injecte dans sa chair ; membre fantôme retrouvé, cauchemar métallique revenant.
Navel n’a qu’une vingtaine d’année quand il se rééduque ; quand cet endroit trop noirs et trop jaunes et trop vert et trop bleu ; et les personnes étrangers à l’intérieur décide de le retrouver.
La pitié dans leur yeux ; la haine sur ses lèvres. « On prendra soin de toi, petit » qu’ils lui répètent ; une éducation, c’est ce qu’il veut. Pouvoir s’en sortir seul ; ne plus avoir à compter sur personne.
Parce que ça n’apporte rien de bon.
Et ils lui apprennent ; à se tenir fier, à se tenir droit. A faire honneur à sa mère ; à ne pas avoir honte de ce qu’il est. Navel tire sur la fin de sa vingtaine alors qu’il finit ses études – études payés par le groupe étrange ; un gang, apparemment – il n’a jamais vraiment cherché à savoir. Il vivait avec eux ; se faisait nourrir, était loger ; il les rembourserait. Il a promis.
« on n’en veut pas, vis ta vie », lui avaient-ils dit.
Mais il n’en croit rien.
Alors il postule ; là où ils ont besoin d’un médecin en prothèse cybernétique ; ou d’un médecin tout court. Et une réponse positive arrive ; miracle d’une étoile filante, impossible à voir depuis les colonies. Un petit miracle qu’il accepte gracieusement ; dix ans dans une prison, ça ne le changera pas.
Il voulait faire ça bien ; il le jure. Les premiers mois à être exemplaire ; suivre les règles, réparer les fils d’huiles et les nerfs ; soigner les blessures légères.
Et l’appât du gain – de l’argent. L’appât de rembourser ; de ne plus rien devoir à personne. D’être réellement libre.
L’argent change les gens, dit-on. Navel le savait. Navel a accepté ; triturant les bras ou jambes en prothèse, remettant leur force ; rajoutant des gadgets toujours utiles. Navel triche ; Navel travaille et Nael trahit. Les Risen Blood l’ont sur son radar ; le traffic d’arme, leur dada. Le traffic d’arme cybernétique ; les intérêts qu’ils y voient sont grands.
Et les récompenses promises le sont tout autant ; Navel tombe.
Et Navel espère rester debout, désormais.