Noir comme la neige [Pabasa] L2vo
An 2588. Nous sommes à Rikers Space Jail Processing, un centre d'incarcération spatial. Détenus, surveillants, médecins, employés ou même pilotes chargés des vaisseaux de sauvetage, vous séjournez dans la station la plus éloignée du monde terrestre et des colonies qui gravitent autour de la Terre. Mais sauriez-vous percer le secret qui plane sur la Sedna Corporation, l'entreprise à l'origine de Rikers ?
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Noir comme la neige [Pabasa]

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Ven 29 Jan - 18:33
Invité
Pabasa Tenenet Aslanov
« Vivre au milieu des loups ne devrait pas impliquer d’en devenir un. »
Carte d'identité

Prénom & Nom : Pabasa Tenenet Aslanov

Matricule : A5 - 3035

Âge : 35 ans (né en 2554)

Taille : 2.05 m

Poids : 130 kg

Couleur des yeux : Verts et cuivre. Des cils majestueux. « Et pourquoi pas ? »

Lieu de naissance : Terre / Sibérie profonde, né à Oïmiakon.

Origines : Sa mère est une immigrée égyptienne et son père un iakoute pure souche. On admire l’improbable mélange de ce Golgoth éleveur de rennes à l’origine, qui a grandi par -20 degrés en moyenne sans développer la moindre bronchite.

Situation familiale : Célibataire qui a déshonoré sa famille.

Motif d'incarcération : Homicide volontaire pour meurtre sur Artiome Kolienka, PDG de Star 111, firme spécialisée depuis des générations dans la récupération de matériau spatial (astéroïdes) pour le convertir en carburant. QUOI ? Vous n’avez pas vu les gros titres dans les journaux ?! Pourtant ça a fait tout un foin à l’époque… qui allait reprendre le bateau, tout ça… Pabasa a échappé de peu à la réclusion à perpétuité grâce à son dossier militaire irréprochable, ce qui a permis de prouver qu’il n’y avait pas préméditation. C’est sûr que c’est pas sa gueule qui lui aurait donné gain de cause.

Années de détention : 30 ans à couler.

Années effectuées : 5 ans.

Groupe : Neutre pour le moment. « Faites pas chier avec vos histoires, jouer aux p’tits soldats, je l’ai assez fait. Chacun sa merde. »

Fonction/métier: Ouvrier d’abattoir à la tuerie de la ferme et boucher.


Signes de reconnaissance

feat. Guts de Kentarou Miura

Visage : Mâchoire carrée, bouche épaisse, nez légèrement épaté et barré d’une lardasse. Sous les sourcils fournis, des cils noirs, des cils longs et des prunelles fixes ou qui se meuvent lentement. La peau est irrégulière du menton au front, et les oreilles pointues semblent grignotées par les dents du froid. Ses traits allient la subtilité et la finesse du boucher avec la rudesse et la brutalité d’un homme éduqué et potentiellement plein d’amour…Ou l’inverse ?

Cheveux : Touffe noire hirsute, structure informe sur la tête, on dirait que ses cheveux n’ont jamais cessé de geler et sont toujours plus ou moins en pétard sur sa caboche. La coiffure c’est pas son fort, tant que ça tient. La plupart du temps il passe juste les mains dedans, ce qui fait qu’ils ne sont pas vraiment peignés.
Pas du tout.
PAS. DU. TOUT.

Musculature : Steak haché sans matière grasse ? Nan en vérité, la prison a légèrement arrondi ses épaules, hanches et son ventre mais il est tellement assidu au complexe sportif que ça relève de l’œil de lynx si on ne l’a pas connu avant la chute. Épaules larges, pec’ au rapport, la cuisse est ferme et en suivre les tracés est agréable, paraît-il. Ce corps, c’est ce qu’il reste du « lui » qui n’avait pas pété les plombs, alors c’est important de le garder en l’état.

Allure générale : « Un problème ? » Il y a longtemps qu’il n’aboie plus. La colère est passée, mais certains de ses regards – quand ils ne sont pas vides comme une bouteille de rhum sur une table de pirates – s’apparentent à un matraquage violent ou à une montagne de caresses. Des échos sanglants refoulés. Des bonheurs inaccessibles. Il n’est pas parfaitement droit quand il marche, comme si quelqu’un était assis sur son épaule droite.

Détails sur la tenue : Il préfère l’imprimé léopard à l’orange vif, m’enfin tant que c’est coloré. Ça fait un sacré contraste avec sa gueule de six pieds de long. Souvent, il ne ferme pas le col de sa combinaison : « Sinon, j’ai l’impression d’étouffer. » Celle-ci est également remontée aux coudes pour les manches : « J’aime bien travailler proprement. Et ta grand-mère, elle va bien ? »

Signes distinctifs : Suite à un choc post-traumatique après avoir réalisé qu’il avait tué un homme sous l’emprise d’une pulsion très primitive et non guidé par les codes de sa fonction, il développe un vitiligo qui lui décolore le cou et les bras, dépigmentant son léger métissage. Il a également quelques mèches blanches sur le devant des cheveux. Ses membres inférieurs, ses fesses et ses hanches sont couverts d’imposants angiomes (taches de naissance) aux formes variées et de couleur rose pâle à violacé. Petit, il en était très complexé. Aujourd’hui, il s’en bat les steaks.

Autres : Pabasa tient à prendre son traitement quotidien d’immunomodulateurs topiques de manière très discrète (cela se fait au cabinet) et a un suivi médical régulier pour avoir à l’œil l’évolution de sa maladie. Avec tout ça, il ne possède aucun tatouage, aucun bijou : « Y a assez de déco’ sur l’sapin. Noël toute l’année ça va bien. », explique-t-il posément.


Dossier mental
Qualités: Patient • Tolérant • Tranquille tant qu’on touche pas à ses affaires • D'une fidélité à toute épreuve • C’est pas une poucave • Œil de lynx (le langage corporel n’a pas de secret pour lui. Dans certaines situations, c’est chiant).

Défauts: Jaloux • Possessif (des objets comme des personnes) • Franc (voire : « T’as une tête de cul »…) • Maniaque de l’hygiène et de l’ordre • Bulldozer • Pique-assiette (il a toujours la dalle)

Orientation sexuelle : Jaquette flottante depuis un certain « Vania » de passage à l’auberge d’Oïmiakon qui lui a fait découvrir moults choses exaltantes avec sa langue.

Comment gère-t-il l’hostilité ? : Avec une bonne clope ? Sinon, mettez-lui la radio, ça va le détendre. En revanche si vous pétez SA radio, celle qu’il a achetée au magasin avec SON pécule d’assommeur de poulets, il risque de VOUS péter le petit doigt, parce que ça fait bien mal et c’est très chiant de vivre avec un petit doigt pété.

Que pense-t-il de l'écart de privilèges entre les colonies et les Terriens ? : « J’dirais que ça peut s’finir avec une balle dans la tête ? J’en ai tellement chié après la première fois, la deuxième doit passer comme un suppositoire. »

Quel est son plus grand rêve ? : Revoir ses parents avant leur mort, ainsi que Fyodor (mais le temps passe différemment en prison pas vrai ?)

Quel est son pire cauchemar ? : Crever d'ennui et...seul.

Quel est son but en prison? « Tuer des poulets et…ah. Tuer des poulets ET des lapins. C’t’une occupation, pas une vocation. J’aime les bêtes. »

Description générale : L’impression qui se dégage quand on le voit passer, que ce soit de face ou de dos, c’est une sorte d’immense fatigue, au moins aussi large que ses épaules. Lassé, désabusé, il l’est. Ça ne l’empêche pas de décocher quelques sourires d’une finesse impensable quand on découvre sa gueule de grosse brute. Il subsiste une certaine douceur dans le cœur de ses yeux, comme un tableau calme où la neige tomberait au ralenti, carte postale nostalgique. Les tempêtes sont rares, ou alors il faut les provoquer en lui passant sur les pieds avec les chenilles d’un tank. Doux donc, il n’en est pas pour autant naïf, et semble regarder le monde sans filtre. C’est qu’on les a ôtés au fur et à mesure de sa vision, et les années de protection civile et de lutte anti-terrorisme et esclavagisme n’ont pas arrangé sa répugnance paradoxale du genre humain. En prison, il sommeille, attend, guérit péniblement de ses blessures et de celles qu’il a causées. De même qu’en mission ou à la surveillance d’Artiome Kolienka, il veille constamment sur ceux qu’il apprécie d’un œil lointain, et s’attèle à son travail sans rechigner. Jamais la flemmardise ne le gagne ; il ne la connaît pas. En revanche il a un sens aigu de la propriété – un sens de paysan… - et n’aime pas trop qu’on se mêle de ses affaires. Les conversations peu profondes lui conviennent et les questions intrusives entraîneront la chute de son attention et de sa considération. Comme dit : lassé, désabusé.


Historique


« Mon premier souvenir ?
C’est sérieux ? Nan parce que je sais pas si mon cerveau est capable de tracer la route si loin. Ça doit être enseveli sous la merde. La neige et la merde noire. Le pétrole qui me coule par les oreilles si je serre un peu trop le cul. J’avais quoi ? Quatre ans je dirais ? (C’est le premier hiver dont je me rappelle. On est toujours la ville la plus froide du monde, mais d’après les relevés, ça a bien remonté depuis ces dernières centaines d’années.)
Bref. Il faisait froid sa mère. Peut-être même sa grand-mère aussi. J’avais plus besoin de luge pour qu’on me trimballe partout, et ce jour-là, j’sais pas pourquoi celui-là, j’étais super fier de mes nouvelles bottes en fourrure retournée, et je trottais comme un lapereau derrière mon père et ma sœur qui guidaient le troupeau. Ça « croustillait » sous mes minuscules foulées de nabot et je criais comme un chat dont on écrase la queue. Excité comme une puce. Mon père s’est retourné, a gueulé que j’étais bruyant, il m’a choppé par la capuche et m’a collé le derch’ sur un renne. Ça m’a coupé la chique. Et quand j’ai levé le museau entre les bois de la bête, j’ai eu un choc : c’était blanc et bleu, c’était froid et dur, c’était immense et impalpable, quelques têtes de douglas à droite à gauche, noires, et les montagnes lisses comme de la chantilly glacée. C’était chez moi… Vous allez m’faire chialer à m’obliger à me rappeler. Bande de putes. »

« Si j’ai été victime de racisme ?
C’est pas quelque chose que j’ai ressenti. Pour moi j’veux dire. J’ai pas trop hérité des traits arabes de maman. C’est plus Sosshana qui fait des ravages avec ses yeux chocolat caramel mou et ses belles boucles noires. J’ai hérité de mon père surtout, enfin pas pour la couleur de veuch’. Mais c’est vrai que ça a pas toujours été le cas… Maman faisait des ménages en ville, on vivait un peu en-dehors pour que les rennes aient de la place. On vendait la viande, le cuir, on vendait des bêtes entières des fois, ça marchait assez. Maman faisait des ménages donc, pourtant je crois qu’elle a jamais été bien intégrée par les autres femmes de la commu’. Elles la dévisageaient, elles insinuaient des choses par leur attitude…des choses ouais. Et quand on est le garçon de la famille, y a des « choses » qui passent pas. J’ai oublié le véritable objet de mon pétage de câble. Mon cerveau l’a effacé, il a juste gardé la satisfaction des injures bien placées et des projectiles gelés et durs dans les faces de mes semblables, ceux qui la brimaient en russe. J’ai visé juste, je les ai déééééémontés ces enculés. Bon après y a fallu courir et j’ai jamais été Captain America à la course. J’me suis enfoncé dans les zones gelées, qui sont marécageuses au printemps et l’été venu, et je suis passé au travers de la glace au-dessus d’une poche d’eau. Vous voyez ça, sur mon nez ? C’est les crocs de la glace. Pour mon arrogance. J’ai pris deux torgnoles en rentrant à la maison la gueule en sang, enfariné, et mon père m’a envoyé à l’école militaire pour me faire les pattes. »

« Je ne pense pas que… enfin si. Enfin…non. Je ne sais pas. Si je l’ai été, amoureux, si j’ai aimé d’une façon…conventionnelle, avec les lettres que les gens utilisent pour parler de ça, le A, le M, le O, le U et le R, ça n’a été qu’une fois. Y a qu’un nom, deux yeux bleus, une peau blanche, une voix douce, des mains qui vont sans relâche dans ma tignasse cravachée par le vent. Bordel de merde. Y a qu’un nom et je sais pas ce qu’il est devenu, s’il a seulement existé. Peut-être que je l’ai inventé. Vu comme je suis devenu dingue, ça s’pourrait. Un magnifique fantôme aux lèvres froides. Mon cœur battait dès qu’il respirait, il ouvrait la bouche et j’étais pendu haut et court, il parlait j’accourais, je devenais lui. Ça a été mes plus belles vacances, quand j’en avais hors de l'école. Combien de fois je me suis explosé les doigts pour pas pouvoir faire les entraînements et rentrer chez moi… ça laisse des séquelles ces conneries.
Mais mes conneries entraînaient des vacances et ces vacances entraînaient Vania.
Vania A.M.O.U.R. »

« C’était pas une vocation, sniper.
Ça l’est devenu avec le temps, avec les cours. Les profs étaient bons, ils donnaient envie, je les respectais parce qu’ils avaient le savoir et l’expérience que j’avais pas, et que les gens qui sont bons dans ce qu’ils font me fascinent. Même le boulanger en train de pétrir des queues de castor. C’est à 20 ans, quand j’suis entré dans l’Armée de terre que j’ai fait mes preuves. Les caillasses gelées de ma Sibérie natale, jetées sur les ennemis, prenaient tout leur sens. J’étais bon au tir, putain de bon, je loupais pas mes cibles, que j’aie le soleil en pleine gueule, du sable dans les trous de nez, de la brume au-dessus des sourcils, ou les pieds dans un mètre de neige. Je me foutais des promotions, des galons, je voulais toujours avoir l’œil dans la lunette. Paradoxalement, ça me donnait l’impression que c’était faux, déformé, et en même temps que c’était hyper vrai ; la vie s’échappait au loin dès lors que j’avais caressé la gâchette. Y avait un côté sexuel à ça, j’veux dire : érotique, plutôt. Je dormais avec mon fusil. Et puis en OPEX j’ai sauvé la tête – littéralement – d’un officier à découvert, et ça a été la consécration.

Tireur d’élite.

L’armée m’a remis un Stalingrad. Je suis devenu « Tsar-Pouchka », le Canon. 10 kilos sur le dos, c’était pas grand-chose, j’avais été élevé à soulever des carcasses de rennes.

Et j’ai tué. Et j’ai aimé savoir tuer. »

« Il s’appelait Fyodor.
C’était mes yeux quand on posait longtemps. Très longtemps. On a posé, le plus long, pendant quatre jours pour débusquer un foutu Tchétchène revendeur d’enfants esclaves. On dit souvent que le chef de pièce est un sniper raté, c’est une belle connerie. Son esprit à Fyodor, était vif, d’une précision de lame de rasoir, il loupait rien, jamais, il notait tout, toujours, ses yeux fendaient les ténèbres. J’ai jamais connu un mec qui se repérait aussi bien dans le noir complet. Combien de fois on a dormi dans des décombres. J’ai jamais pu douter de lui, il me prenait comme j’étais, il posait pas de question. Il m’appelait pas Pouchka mais Pabasa, en entier, comme ma mère, comme ma sœur. Il aurait voulu être mon frère, mais ça a changé avec ce qu’il s’est passé…C’est un gars extra. »

« Vous voulez vraiment que j’cause de lui hein…On reprendra demain. J’suis fatigué, j’ai mal aux jambes. »

« Quand la SPHP a contacté ma hiérarchie, on a tous cru que c’était un canular. Ou un guet-apens. C’était ni l’un ni l’autre, c’était juste la main d’Artiome Kolienka qui jouait avec les fils pour le compte de sa petite – et puante – personne. On m’a expliqué ce que c’était « Star 111 », que je serais mieux payé, mieux loti, que j’aurais une pension de retraite vraiment confortable, une datcha en remerciement des services rendus, qu’on prendrait soin de ma famille…Qu’on en prendrait soin, hein. J’ai été con, mais on peut jamais lire entre les lignes d’un contrat tout cousu d’or par des mains expertes en blabla séduisant. Et Kolienka l’était, séduisant. Du cuir chevelu aux poils sur ses couilles soyeuses. Côtoyant les hautes sphères avec familiarité, il était devenu une cible facile, vu le capital de sa firme, prospère depuis plusieurs générations. Séduisant et prospère = dangereux. Dangereux = en danger. En danger = …moi. L’équation qu’il voulait jouer. J’avais pas spécialement le choix, c’est surtout la perspective de faire du blé et de me péter un peu moins le dos – ou alors avec des paillettes – qui m’a décidé. J’ai demandé si Fyodor pouvait venir avec moi. Non. Il me fallait vite comprendre que Kolienka me voulait pour lui tout seul, et j’ai pas percuté aussi vite que mes balles transpercent le vent. »

« Je ne l’aimais pas.
Pas au sens où vous avez l’air de l’entendre. Ceci dit, je ressentais…une sorte de fascination répugnante, une excitation même, en sa présence. L’envie de la soumettre d’une main sur la gueule, de l’enculer à sec pour espérer voir ses traits si parfaits obtenir un peu de salissure. Ma salissure sur sa propreté. … Je sais. Ça renvoie à mes troubles obsessionnels de l’hygiène, au fait que j’ai l’impression d’être crade en permanence…pas la peine de faire comme si j’oubliais qui je suis. Bref. Je crois qu’il avait tout autant envie de me faire ployer, et il y mettait les moyens. Il provoquait systématiquement des rencontres, m’envoyait des cadeaux alléchants, me posait mille questions quand je venais faire mon rapport à sa sécurité personnelle… Je peux boire un coup ? Merci. Je disais… Quoi ? Ouais… Que… J’aime pas raconter ça. Pourquoi je l’ai fait ? Les précédentes séances, avec le psy’ d’avant, ont déterminé que c’était une sorte de jeu de pouvoir avilissant. Le pouvoir par le sexe. Se tenir par la queue, voilà. On alternait. Ça s’est vite ébruité, que j’étais sa pute, que le Canon était sa pute. Fallait pas que ça sorte trop loin de son aura… Là, j’en ai pris un coup dans l’orgueil vous savez, et pourtant j’ai jamais dit non, j’ai jamais été en désaccord avec moi-même. Même dans le pire du pire. »

« L’équation a volé en éclat quand il a posé ses sales yeux sur Sosshana. Pendant toutes ces années où je m’étais tenu loin de chez-moi, elle avait embelli, et on l’avait repérée à Moscou, avant de lui proposer de devenir mannequin pour une grande marque de parfum et de vêtements. Dans les villes les plus riches, son image était partout, tant que son contrat la hissait en égérie. Ça ne durerait pas. C’était une flambeuse, du genre à vivre le présent à 200%, 200 km à l’heure, à tout consumer tant qu’il y avait du bois à brûler. Et la bûche dans son sillage pour gravir encore plus les échelons, c’était Kolienka. Je crois qu’elle espérait un mariage, ou du moins profiter de le fréquenter pour se faire un petit nid…garder ses œufs au chaud. Sauf que… Elle savait pas. Pour moi. Elle savait pas que j’étais dans le nid, moi aussi. Enfin à surveiller le nid, jamais loin, sur l’immeuble d’en face, à la fenêtre, sur un toit, de l’autre côté, toujours…pas très loin à surveiller les aléas de Kolienka, les entrées et sorties de ses rendez-vous du jour, les venues de ses maîtresses et de ses amants le soir.
Et un soir, j’ai vu.

23h51.

532 mètres.


Je vais essayer d’être factuel.

Ma sœur qui entre dans l’appartement en robe de soirée. Une robe rouge écarlate. Ses cheveux sont montés en chignon et quelques mèches retombent sur ses épaules bronzées. Je vois tout à travers mon viseur, à travers les larges et hautes verrières du building de Star 111. Il l’attend dans l’immense salon qui s’étend ; baie vitrée. Il l’attend et serre du champagne. Quand elle rentre ils s’embrassent et j’ai envie de vomir. Il lui touche les seins, tire un peu sa robe au niveau de la cuisse. Il sait que je regarde. Ce fils de pute. Il sait parfaitement que je passe mes nuits à l’avoir en visuel, quand il bouffe, quand il se rase, quand il téléphone, quand il se gratte les couilles, change de chaussettes…
Je déglutis. Elle se laisse faire. Les journaux disent qu’ils se fréquentent déjà depuis des semaines ; j’en suis rendu là, à lire les journaux pour savoir comment vit l’homme que j’ai au bout du fusil, et qui est réellement ma sœur aînée. Le Stalingrad est en position, aligné à la perfection sur sa tête, et encore aujourd’hui, je ne sais pas à quel moment j’ai pris la décision de cet ajustement. Automatisme inconscient ? Mais je l’ai fait. La crispation ténue de la concentration me crépite jusque dans le bout des doigts. D’habitude j’aime ça. Là, je suis couché là, à attendre qu’ils baisent dans ce consentement mutuel qui me soulève le cœur, espérant que quand ils l’auront fait je serai libéré, que ça me donnera l’occasion de… Il la hisse sur la table et écarte la robe, écarte ses cuisses brusquement ; Sosshana me tourne le dos tandis que la face d’Artiome apparaît derrière la vitre transparente. Je ne sais pas à quel moment il la pénètre mais j’entends ses gémissements dans ma tête alors qu’elle est beaucoup trop loin pour que quoi que ce soit me parvienne, c’est juste un mécanisme de mon cerveau. Imaginez, votre grande sœur, en train de se faire culbuter sous vos yeux ? Y a des choses qui doivent rester immaculées, qu’on ne doit pas effleurer. Ça aurait être préservé. J’aurais dû être aveugle.
Ils baisent, voilà, y a pas d’autre mot. Comme un con, je reste pantois, prisonnier de ce que vous appelez l’acrasie. Lutter contre son bon instinct, celui qui hurle de tourner la tête, de fermer les yeux, d’oublier. On n’oublie jamais ça, et surtout pas, putain surtout pas le « regard » qu’il me lance sans savoir précisément où je me trouve. C’est fou. Le psy est persuadé que j’ai inventé cette partie pour me déculpabiliser. Mais non. On s’est regardés, intensément, à travers la lunette. Et putain je lui ai explosé le crâne. C’est parti avec une incroyable douceur, j’ai caressé la gâchette et PAN. Ou pan. Plus de son, juste une image de lui qui louche avec son trou rouge entre les deux yeux, qui se désarticule comme un poulpe et tombe en arrière, et en moi, simultanément, la jouissance, la terreur et le vide. Après, je sais plus. J'ai dit que j'allais essayer d'être factuel. »

« Le procès ?
Je me rappelle que par bribes. Les regards impardonnables qui puent, le grand nez du juge, une jurée aux cheveux blonds tout gras, le flic un peu sympa – bizarrement – qui me colle au train, les menottes aux poignets qui sont trop petites pour mes grosses mains, les entraves aux chevilles qui me font faire des pas ridiculement petits – comment j’ai fait pour pas me casser la gueule ? Ha ha ha !
Il y a du beau monde, mon avocat qui n’arrête pas de tapoter ses documents. Je souris parce que je sais que c’est foutu d’avance. Il fait chaud aussi, c’est l’été, ça me revient maintenant car y avait une fleur à la fenêtre. Toute jaune, un p’tit soleil. Quand ça a été mon tour de parler, j’ai dit que Kolienka avait voulu violer ma sœur, sans conviction, et ça n’a pas été retenu et je le savais avant même d’ouvrir la bouche. D’ailleurs ma sœur… Wah. Là, j’avoue que c’est dur d’en causer. Et bin elle a témoigné contre moi. Histoire que je comprenne bien que j’avais été le boulet à sa cheville et que j’avais empêché sa petite ascension. Je n’ai pas senti son regard sur moi une seule seconde, de toute façon je regardais la fleur jaune alors ça n’a pas changé grand-chose. Quand le verdict est tombé, j’ai entendu : « Pabasa Aslanov, vous êtes accusé du meurtre d’Artiome Kolienka et condamné à une réclusion de 30 ans à Rikers. » J’ai dit : « Envoyez-moi sur la Lune, j’en ai rien à foutre. » Le flic gentil derrière moi a dit : « C’est sur la route, mon gars. » J’ai compris qu’après la merde dans laquelle j’étais. »

« Mes parents ne répondaient pas à mes messages. J’aurais aimé les voir avant le grand voyage. On allait m’endormir pour rejoindre la forteresse volante. J’ai compté les secondes avant l’embarquement, on passerait par certaines colonies chercher d’autres détenus qu’ils avaient dit. La Terre, c’était adieu. Sur le départ, on avait droit à une entrevue avec un proche, sous surveillance, y avait personne pour moi et ça m’a fait mal parce que j’aurais voulu expliquer mon geste ; si la loi ne l’avait pas compris, eux, j’aurais aimé qu’ils le comprennent. Il restait deux minutes. Pas trop d’espoir. Je regardais, avec un sourire, les autres derrière leur vitre parler à une femme, un enfant, un père, un grand-père ou un ami. Un ami.

Oh bordel, c’est là qu’il a fait son entrée. Putain sa grand-mère je m’attendais pas à… on s’était perdus de vue. Tout m’est arrivé dans la gueule comme une lame de fond, tout ce que j’avais pas pu digérer depuis des mois, un tsunami indigeste et j’ai tremblé jusque dans mes bases les plus profondes. Il a dit : « Salut Pouchka. » L’enculé, il avait finalement cédé à ce surnom de merde. J’ai ri et j’ai pleuré en même temps. Pleuré beaucoup, comme une mer trop salée. Pas pu le prendre dans mes bras, ébouriffer sa tignasse. J’ai dit : « J’ai tout foiré hein. » Il a acquiescé gentiment, alors j’ai revu nos nuits de planque en Gobi, dans les montagnes, je me suis rappelé ses histoires de mec cultivé, ses calculs de génie, son bon sens colossal, je me suis rappelé cet homme incroyable qu’il avait su rester. Lui. « Fyo’…Je suis désolé. » Mon ancien chef de pièce a secoué la tête avec une infinie douceur et a répondu : « Quand tu sortiras, tu seras vieux. Et je serai vieux. On pourrait peut-être être vieux ensemble ? »
Le garde m’a fait signe que c’était fini et j’ai été incapable de répondre quoi que ce soit parce que ma bouche était tombée. Voilà comment je suis passé à côté de ma vie. »

« Le réveil a été difficile.
Leur espèce d'état de dormance...infecte. Quand j'ai émergé, le cardio' s'est emballé et dès que j'ai mis un pied debout, j'ai été incapable de marcher. Vertiges, stress, ma machine interne était complètement déréglée et j'me rappelle que j'me suis dit que ça commençait bien cette histoire de taule. J'étais pas le seul à quimper, autour de moi tout était trouble et j'avais le cœur qui pulsait dans la gorge et les oreilles, mais ça sentait la panique à bord. Quand j'ai plus entendu ma propre respiration dans mes tympans en mode volume maximal, on m'a donné de quoi m'hydrater et on m'a permis de me lever. J'ai dégobillé sur les pompes du type qui venait de me donner à boire. « Sympa l'accueil, A5 - 3035. » J'ai pas tilté que c'était la première fois qu'on m'appelait comme ça mais ça m'a fait un drôle de truc. Faut dire que j'étais déjà totalement bugué. Et pis, comme un bébé qui fait ses premiers pas - c'était ridicule, j'vous jure - j'ai clopiné. On nous conduisait vers nos cellules. Les palpitations partaient pas et j'ai senti un bras balèze passer autour de ma taille ; j'ai pas rechigné. Le gars était costaud, bronzé, et sympa ou intéressé il a eu un geste : je me foutais de la raison qui le faisait agir, juste, il a eu un geste. Le pire, c'est que ce gars était dans ma piaule quand j'ai arrêté de faire la carpette. Le destin c'est de la couille mais quand même, des fois ça frappe !

Ce gars, c'est mon codét' : Jaril. On tourne en rond ensemble désormais. »



Pseudo: Björn

Age: 27 balais-brosses

Comment avez-vous connu le forum? L’autre qui fait des churros prenait pas assez de place dans ma tête -_-

Le mot de la fin? Le rhum c’est bon.

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Ven 29 Jan - 18:49
Invité
Bieeeennrevenue à toi ♥

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Ven 29 Jan - 18:55
Invité
Rebienvenue !
Pabasa il est beau, il est tout en douceur malgré ses gros muscles Noir comme la neige [Pabasa] 1464022105 En espérant qu'il ait des nouvelles de Fyo en prison

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Sam 30 Jan - 11:13
Invité
Merci à vous deux Noir comme la neige [Pabasa] 3634231485

Nikita Belinski
Messages : 56
Métier/Activité : Jardins
Humeur : Douce
Sam 30 Jan - 12:09
Nikita Belinski
Krova
Rebienvenue !
On a pas envie de l'emmerder lui Noir comme la neige [Pabasa] 240405778

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Sam 30 Jan - 13:50
Invité
C'est fait pour ! Noir comme la neige [Pabasa] 1193048383

*zieute le beau blond*

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Sam 30 Jan - 14:56
Invité
Rebienvenueee et bon DC Noir comme la neige [Pabasa] 2112338933 Noir comme la neige [Pabasa] 2112338933

Miguel Galvez
Messages : 263
Matricule : G8 - 2231
Métier/Activité : laverie / mécanique
Humeur : fulminante
Sam 30 Jan - 19:11
Miguel Galvez
Black Perros

Tu es validé !

Tu écris tellement bien, j'envie cette façon de trouver des termes drôles et subtiles Noir comme la neige [Pabasa] 4224168824 !!!

Rebienvenue, je suis content que tu ais craqué ! Comme dit ci-dessus ce fut très agréable à lire, ça m'a facilement plongé dans l'univers du personnage. Je suis impatient de voir son codétenu arriver, et de voir ce géant-ci continuer d'évoluer au sein de la prison Noir comme la neige [Pabasa] 1060890681

Ta cellule se trouve dans la zone 01 et ton camarade de cellule n'est autre qu'un futur inscrit, de ce que j'ai compris :) Du coup pour l'instant je te met seul

Maintenant que tu es officiellement enfermé des nôtres, tu peux dés à présent réserver ton avatar. Tu seras, du reste, ajouté automatiquement à la liste des métiers. Une fois fait, tu peux faire une demande de lien ou une recherche rp afin de commencer l'aventure, et dans un même temps créer ton carnet de bord. Les intrigues sont à ta disposition si tu souhaites te pencher vers une quelconque enquête :)

Amuse-toi bien !


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Lun 1 Fév - 0:45
Invité
Je suis en retard mais omg ce perso', bienvenue **

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Noir comme la neige [Pabasa]
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